samedi 3 mars 2018

"Ca fait pas propre sur l'ordonnance"






"Ça fait pas propre sur l'ordonnance", voilà ce que le psychiatre du CMP m'a dit en considérant mon traitement. Il parlait du fait que j'ai à la fois du Risperdal retard en injectable et du Risperdal per os le soir. Ça ne semble pas logique, en effet, la forme retard étant censée nous épargner de prendre des comprimés. Mais comme je prends d'autres molécules en cachet, ça ne me gêne pas... et il y a une raison à ce truc "extravagant" c'est que la dose maximal de Risperdal Constat ne suffisait pas et que deux injection seraient beaucoup trop.

Je suis très attachée à mon traitement chimique, qu'on a mis 15 ans à mettre au point avec mon ancien psychiatre. Et la phrase "ça fait pas propre" je l'avais entendue dans la bouche du psychiatre d'un centre de cure alcoolique qui m'avait enlevé tout mon Tercian, ce qui avait provoqué une décompensation catatonique.


Je n'étais donc pas masse rassurée. Ce billet a pour objectif de démontrer les enchainements malheureux d'un changement de traitement lorsque lae prescripteur-trice modifie des molécules sans écoute l'usager-e-s.


Le Dr A m'a dit de couper en deux mon Risperdal du soir. Et de lui dire 3 mois plus tard (rythme des RDV médicaux) comment ça se passait.

En vrai je me suis sentie moins bien, notamment le matin. Je le lui ai dit au dernier RDV, mais énervé que mon ordonnance "ne fasse pas propre" il l'a supprimé totalement. Comme je manifestais mon inquiétude, il m'a demandé si j'avais déjà eu du Loxapac. Ma réponse "Oui, en chambre forte en piqûre" (un très mauvais souvenir de maltraitance institutionnelle) et me coupant la parole, il m'a signifié qu'il me remplaçait le Tercian par cette dernière molécule.

Je suis une "bonne patiente", presque patiente modèle, je fais ce qu'on me dit et je fais confiance (malgré 20 ans de psychiatrisation pas toujours heureuse) Le psychiatre modèle pour moi est celui qui me fait confiance aussi. Je comprends mal ce besoin de tripoter une prescription de longue date et qui fonctionne bien, alors que je suis fragilisée (mon papa est décédé voilà trois mois) et que je ne me plains de rien. Cependant j'ai remaqrué plusieurs fois des changements de molécule ou l'introduction de molécule wtf, surtout quand j'étais hospitalisée, ce qui m'évoque une espèce de treatment party genre "on l'a sous la main on peut surveiller on va essayer des trucs inédits". En plus j'ai relativement  souvent entendu de la bouche des psy le "vous étiez convaincue que ça allait mal se passer alors ça s'est mal passé" quand ça se passe mal. L'argument des tenants de l'homéopathie quoi "faut y croire sinon ça marche pas". Génial.

Donc là avec le Loxapac, ça s'est mal passé.
Dysarthries, contractures, des mâchoires et du dos. L'introduction de Lepticur n'a rien donné de positif sur ça.
État anxieux et de déréalisation quasi constants.
Bouche sèche qui m'a causé une pelade des lèvres et je sentais venir la perlèche...
Reprise de davantage d'alcool, états d'ébriété modérés.
Explosion de ma potomanie avec 6 litres de Coca light bus par jour. L'alcool et le Coca m'ont causé des brûlures épigastriques et des reflux oesophagiens, beaucoup de vomissements.
Mise en péril de mon sevrage tabagique.
États d'angoisse extrême durant de 9h à 21h.


L'être aimé était très inquiet lui aussi. Sur la cinquieme journée de douleur morale niveau 9 sur l'échelle de la douleur (qui en compte 10), j'ai appelé mon amie Mandarine qui m'a conseillé de foutre le Loxapac à la poubelle et reprendre mon Tercian. Ce que j'ai fait. Bien entourée par les paramédicaux du CMP j'ai eu une ordonnance... Je vois le Dr A le 8 (il va m'entendre)

Le mieux être et même bien être a été quasi immédiat. Le Loxapac ne me convient pas. Tout le monde (infirmière, médecienne addicto, conjoint, ami-e-s) se demande mais pourquoi ce changement de traitement ? Réponse "ça fait pas propre"

Une prescription n'a pas besoin d'être propre. Une prescription n'a pas vocation a être totalement cohérente avec les bouquins. Une prescription a à convenir à l'usager-e et à améliorer la symptomatologie. Et, truc qu'on entend souvent "Faut corriger ça sinon iel va se mettre en rupture de traitement". Non, faut corriger ça car l'usager-e en souffre ou va en souffrir.

Le Dr A est tranquille dans son bureau, à peine agacé par un traitement qui semble faire doublon. Moi j'ai galéré et souffert 24/7, c'est de ma vie qu'il s'agit, c'est de mon psychisme, de mon corps qu'il s'agit. Ce n'est pas de la rétivité que d'exprimer mes inquiétudes et mes ressentis.


Je demande moins d'égo et plus d'attention. Surtout quand le prescripteur me voit 15mn tous les trois mois.