dimanche 8 janvier 2017

Mes dents de psychotique






J'ai de mauvaises dents depuis que j'ai des dents, il y a là un facteur génétique. Malgré des soins dentaires rigoureux drivés par ma mère durant mon enfance, brossages minutés, complément de fluor (oui... 1980), fil interdentaire, consultations de dentisterie et orthodontie, etc, mes dents ne cessent de se carier.
J'ai remarqué au cours de ma arrière infirmière que les usager-es dont j'avais la charge, qui étaient psychotiques, surtout de forme "déficitaire" (dépressive... abrasée par les neuroleptiques) avaient une dentition très problématique, ce que je mettais sur le compte d'un défaut d’hygiène buccale, et puis j'ai remarqué comme patiente que mes dents continuaient à se carier, notamment sur les collets (entre "la dent" visible et la gencive), que je ne sentais pas la douleur sauf en cas d'abcès et de névralgie caractérisée, ce qui amenait à des soins lourds et des extractions faute de soins précoces (rapport à mon corps du aux troubles, antipsychotiques lourds) et aussi qu'en HP j'étais super mal soignée pour cela.
LOLMDR
En HP je n'avais accès à aucun soin dentaire. Sauf un doliprane et du bain de bouche, et une fois des antibio par la "médecine somaticienne" après que mon abcès signalé ai pété tout seul. Pourtant je fais partie des usagères qui verbalisent, qui savent dire, qui socialisnet très bien, qui savent "se tenir sages" sous la roulette etc, bref, on va dire le haut du panier pour des soins bucco-dentaires.
En HP j'ai aussi bien sûr rencontré nombre d'autres usager-es psychotiques, avec les mêmes problèmes dentaires que moi, dont un bon nombre avec une bonne hygiène de la bouche et des dents.

J'ai posé la question à mon dentiste, et puis j'ai lu
cet article informatif de Santé Mentale.

Donc nou-es psychotiques souffrons de problèmes bucco-dentaires pour bien des raisons.
Le manque d’auto-soin bien sûr (j'ai personnellement connu des périodes longues d'incurie), la problématique spécifique liée à la perception du corps et au corps dans ze zone dédiée à l'oralité (nourrisage mais aussi paroles, et baisers etc), mais aussi la difficulté d'accès aux soins (la dentisterie est en majorité libérale, mal remboursée, il faut pouvoir supporter le soin dentaire et le contact - angoissant même pour les NT- et au moment du soin, l'invasion de la bouche - il faut aussi pouvoir payer les soins qui sont très chers, pas facile quand on vit de l'AAH).
Les antipsychotiques attaquent la cavité buccale de bien des manières, en diminuant (parfois totalement) la salivation (Pour ceuxlles que ça intéresse je trouve que le spray Bioxtran marche mieux que le Sulfarlem S25) et la rendant acide, ce qui a pour conséquence de fragiliser l'émail et favoriser les caries, notamment sur les collets. En bonus cela favorise les mycoses de la bouche (candidoses) et la perlèche (infection du coin des lèvres... youhou j'ai eu aussi)
Ces mêmes antipsychotiques entrainent (hello Lepticur le correcteur) des dyskinésies de la mâchoire (entre autre) et des mouvements particuliers de la bouche, de la langue... Perso je "mange" sans cesse mes dents et ma prothèse dentaire (je veux dire par là un dentier, car oui, j'en porte un - et j'ai de la chance que ma mutuelle l'ai pris en charge et mon adorable dentiste ai été conciliant sur le mode de paiement car c'est TRÈS cher), à la limite du bruxisme (comorbidité avec les psychoses par ailleurs)


Autant de raisons pour avoir des dents en mauvais état et avoir du mal à accéder/ aller aux soins dentaires.


Finalement en plus de l'explication j'aimerais que l'article que j'ai linké circule "+++" ( ;) ) parmi les soignants pour ne pas être méprisés quand on se plaint d'avoir mal aux dents, pour que les HP travaillent plus en lien avec des dentistes (cliniques mutualistes ? Étudiant-es ?) parce que sérieux, les mecs meufs infirmier-es, le mal de dent c'est atroce, et la carie et la rage de dent peuvent avoir des conséquences dramatiques (myocardite)

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