mardi 25 octobre 2016

" Tu t'en fous tant que tu vas bien"

J'ai entendu cet insert hier d'une proche et je l'entends de la part d'autres proches régulièrement.

Je devrais m'en foutre de mon diagnostic tant que je vais bien. Je devrais prendre un traitement, finalement sans savoir pourquoi, tant qu'il me fait du bien. Je ne pourrais échanger avec aucun-e concerné-e, je ne pourrais pas me renseigner sur mes troubles donc les comprendre mieux. Je devrais oblitérer la partie de moi que sont mes troubles ("avec ta maladie") pour me dire, le nez au vent "trilala je vais bien le reste jemenfousjemenfousjemenfous". Je devrais ne pas me renseigner pour m'aider à prévenir les rechutes. Je devrais dire aux gen-tes avec qui je fais connaissance : "Je ne sais pas ce que j'ai mais je vais bien :) ". Je devrais annoncer aux expert-es pour mon invalidité "c'est compliqué, mais là je vais bien, mais je ne peux plus travailler, parce que sinon, je ne sais pas ce que j'ai mais ça ne va pas"

Je devrais rester dans le noir, je ne devrais jamais prononcer les mots qui font peur "schizophrénie" "bipolarité" "psychose" et les garder comme une ombre qui plane, inexplorés et inexplorables du fait de mon ignorance.


Je vais bien mais je ne m'en fous pas. Nou-es NA avons le droit de savoir, de nommer, de mettre des mots, de nous éduquer, d'échanger entre nou-es, de communiquer avec les soignant-es sur une communauté de savoir.

dimanche 16 octobre 2016

Mes ami-e-s "qu'ont quelque chose"






On me dit souvent "Tu ne devrai pas trainer avec des gen-tes à problème" "un-e nouveaulle copin-e ? Dépressivfe ? T'as pas besoin de ça" et autre "Tu te trouves toujours des gen-tes qui vont pas bien"

C'est vrai, déjà parce que je ne sais pas si ça existe des gen-tes qui sont en parfaite santé sans souci à tout point de vue : si c'est le cas illes restent entre elleux ou n'ont pas envie de trainer avec moi; je n'en ai jamais rencontré.

D'autre part je n'éloigne pas de ma vie soigneusement des personnes qui souffrent d'un truc ou d'un autre, ou qui ont des parts de leur vie compliquée. Déjà ça a été mon cas aussi (et je reste atypique et psychotique hein) et ensuite je ne vois pas pourquoi isoler encore plus des personnes en difficulté. La société et ce qui fait les humain-es m'a dit ma moitié archéologue, c'est le social et le fait de ne "pas abandonner les blessé-es" Si la société (et elle tend à ça, je le sais) c'est foutre à la poubelle les bras cassés, je n'appellerai plus ça société.

Enfin, oui, je fréquente beaucoup de personnes neuroatypiques et dire que ces personnes me font du mal parce qu'elles vont mal est violent (et politique). Ca signifierait que les NA tirent vers le bas (idée reçue), que nous n'avons rien à apporter, que nous ne pouvons soutenir, que nos handicaps, ou maladies, ou troubles, ou atypicités nous rendent toxiques et anxiogènes et seulement cela. Or, les autres NA ont leur richesse personnelle à apporter en plus de leurs troubles et discuter et se soutenir entre personnes ayant vécu des expériences similaires (et ayant vécu et vivant une forme de rejet normatif par la société et ces célèbres gen-tes-qui-vont-super-bien-mais-qu'on-voit-jamais) est hyper précieux et beaucoup plus soutenant. Dire que les NA "tirent vers le bas" les autres NA c'est nous dénier notre force d'auto support, nos capacités d'organisation - notre rationnalité, notre volonté. Notre pouvoir.


La chose la plus précieuse que l'on m'ai dite à propos de mes troubles schizo affectifs est "je t'aime avec ta maladie"
Mon aimé, lors de ma dernière décompensation. Avec. DE toute façon on peut pas faire sans hein.

mercredi 5 octobre 2016

La quête d'un-e bon-ne soignant-e



Il y a un message que je voudrais lancer aux professionnel-les de santé mentale : On sait ce qu'on veut (aller moins mal, mieux, se rétablir pourquoi pas) mais on sait rarement comment, je veux dire par là :comment y arriver, qui consulter, qu'est-ce que cet-te soignant-e attend de nous, bref, "comment ça marche ?"

Je ne m'avancerai pas dans les médecines naturelles, que je ne connais que très mal, mais il doit aussi y avoir des soignant-es "qui nous conviennent" et d'autres moins. D'expériences de techniques autres que médecine classique j'ai rencontré des gen-tes qui pour moi étaient super et m'ont énormément apporté, d'autres non, voire qui m'ont nui.

J'ai vu quantité de médecins généralistes (tous des hommes d'ailleurs) et je dois dire que mon palmarès fout un peu les jetons. Le très dans le relationnel mais qui ne veut pas me "psychiatriser" à 17 ans (dont pas envoyée vers un-e spécialiste), celui qui s'en tape un peu, est gêné et évite de me regarder dans les yeux, celui qui m’abrutit de sédatifs et me viole...

Comme cadette d'une future psychologue et intéressée par la psychologie j'avais quelques bases en matière de spécialistes : lae psychiatre peut prescrire, conduire des thérapies, est remboursé-e au moins en partie, lae psychologue n'est pas remboursé-e, ne peut pas prescrire et conduit des thérapies par la parole, lae psychanalyste doit avoir fait uen psychanalyse et être affilié-e à une Ecole de psychanalyse et peut de plus être psychiatre, psychologue, sans autre diplôme.

Il y a des courants divers, les outils freudiens, lacaniens, systémiques, comportementalo-cognitifs, PNL, analyse transactionnelle, whatever, qu'au fond on ne nous explique jamais vraiment.

Donc ce que je voulais, à 18 ans, c'était : remboursé-e, la parole et pourquoi pas de la médication chimique. J'étais adepte de Bettelheim et Dolto qui me semblaient spcéialement bienveillants donc je me suis dirigée vers une psychiatre psychanalyste spécialisée enfants-ados.

13 ans de rien. Elle ne parlait pas, n'était pas interventionniste au point que c'est moi qui devait demander l'hôpital quand je me lamais trop et ne me lavais plus depuis des semaines, j'attendais parfois 2h dans la salle d'attente avec cinq autres usager-es, pas vraiment de cadre, ne voulait pas me laisser partir "vous aurez besoin de moi toute votre vie"

Parce qu'il faut se mettre dans la peau de l'usager-e : on se dit qu'on est incurable, à force, que c'est le modus operandi habituel (après tout qui n'a jamais attendu chez lae médecin, lae dentiste), qu'on est un-e mauvais-e patient-e qui n'arrive pas à aller mieux, qu'on se soigne quoi merde alors quoi ? On ne se dit pas forcément "je suis avec un-e soignant-e qui ne me va pas / qui travaille comme une merde" (oui ça existe)

Pareil quand on arrive à l'hôpital psy "pour être protégé-e, adapter le traitement" toussa. On arrive on sait pas quoi foutre. Souvent on a vu une ribambelle de soignant-e avant d'être reçu-e, moi par un-e interne j'arrivais en urgence et il faut re-re-re-re expliquer sa life (anamnèse) et sa problématique (généralement arrivé-es à ce point on est super angoissé-e et épuisé-e) On nous fait visiter le service et pof dans la chambre. Moi je me suis dit la première fois "je vais faire un max pour vite aller mieux" oui mais quoi ? Il faut parler aux équipes oui mais quand, comment ?On se pointe dans leur bureau et on dit "coucou, je voudrais parler pour guérir" ? Si on n'a pas de problème du jour particulier ? Et perso je suis timide et j'ose pas sociabiliser avec les autres usager-es au début.

Bref, c'est déjà un long parcours pour savoir ce qui nous convient (face à des sachants qui nous impressionnent et qui ont de facto une emprise d'autorité sur nous) et le "aidez nous à vous aider" merci, donnez nous les clés.