mercredi 9 décembre 2015

"Pourquoi" ne suffit pas






Nous entendons toustes ces affirmations qui semblent frappées sur le coin du Bon Sens
Il faut vider l'abcès
Il faut lui en parler
Il faut découvrir les causes à cette situation psychique

Cependant, "pourquoi" ne suffit pas. Pourquoi ne suffit pas à aplanir les choses, à les dénouer. Savoir n'est pas régler.
J'ai eu tendance à cherche la cause de ma folie, comme si me ressouvenir d'un éventuel traumatisme, mettre le doigt sur quelque chose allait magiquement me "réparer" (les anglo saxons disent cela "to fix")
J'ai eu tendance à vouloir parler et reparler de mes moments de vie douloureux.
On m'a souvent invitée à m'épancher, dans la cadre "privé" (connaissances, collègues) en étant complètement éffrayé.e lorsque je le faisais.
C'est important de pouvoir parler à cœur ouvert, mais il faut que cette parole soit reçue, qu'elle soit non seulement accueillie mais qu'il y ai un retour.
J'ai parlé d'un viol ,subi à des collègues, qui m'y invitaient. Évoquer cet événement ne m'a pas "délivrée", les traumatismes de vie ne sont pas des abcès à "vider" ou alors personne n'a trouvé le truc. Les métaphores ont bien des limites et les filer ne porte jamais bonheur, on tombe dans les platitudes.


Et puis savoir n'est pas régler. Je voudrais poasser du pourquoi, utile certainement, indispensable, au "comment", au "qu'est-ce que je fais maintenant"

Je sais mes relations avec ma mère, les soucis passés et présents, je ne sais pas l'avenir. Je n'en peux plus, soignant.e.s de devoir parler avec vous de mes années d'enfance. Réfléchissons. Vous me dites que certes, j'en ai beaucoup parlé (usagère de la psychiatrie depuis plus de vingt ans... ça en fait des heures de parole) mais que vous vous en avez besoin "pour m'aider", pour comprendre. Je peux difficilement la faire courte avec vous, en plus, résumer la chose en deux phrases, pourtant claires et contenant toutes les infos. Il me faut revenir sur des événements précis, sur des souvenirs, sur des dates, qui sont pour moi aujourd'hui complètement vidés de sens et de substance.
Je le sais ce que j'ai vécu, ce que j'ai ressenti, réel ou pas, je sais les conséquences sur ma vie présente. Mais what, parler de ma maman pendant des heures vous aide vous en quoi ? Moi j'aimerais qu'on parle de ma vie d'adulte, de mes expériences d'adulte, que j'ai peu travaillées. Savoir que mon vécu de manque affectif fait que je mange, fume des clopes, bois beaucoup de café, achète compulsivement ne m'aide pas, actuellement. Ca se goupille ainsi, j'en ai conscience, mais le savoir ne me fait pas magiquement manger moins, me remplir moins, acheter moins.

Je veux me rencontrer, moi adulte. Avec mes outils d’adultes, acquis ou à acquérir, à apprendre, tempérer mes problèmes compulsifs. Ma vie d'enfant est sans doute fondatrice, mais j'ai vécu des dizaines d'années adulte. Ca compte pas pour du beurre.


De la mêmefaçon, je le dis pour les NT, savoir qu'une angoisse n'a pas de raison d'être (et en a sûrement une mais qui reste obscure) ne fait pas céder l'angoisse (même si dans un cadre très privé cela peut aider à la réassurance), savoir que des voix ou des odeurs sont des hallucinations ne fait pas céder l'hallucination, critiquer totalement ou partiellement un délire ne l'en rend pas moins réel dans l'esprit, en partie, savoir qu'un traumatisme passé est en lien avec des troubles présent ne fait pas céder les troubles.



Je peux répondre au pourquoi, mais pas que, mais pas pendant des heures, et je répondrai alors "et maintenant, on fait quoi ?"

lundi 7 décembre 2015

Quand le choix d'être childfree devient un devoir imposé


Je place ici à titre indicatif que je n'ai
Jamais
Souhaité
Désiré
Voulu
Ressenti le besoin ou le devoir de
Avoir un enfant

Ado et jeune femme on faisait simplement montre de condescendance et d'âgisme en me disant "tu dis ça maintenant"
Et puis ma maladie a éclaté au grand jour, bien obligé.e.s de voir que je buvais beaucoup d'alcool, que j'avais des troubles importants du comportement, des dépenses inconsidérées et puis que j'étais marquée du sceau PSY et que je consommais un lmourd traitement psychotrope.

Donc On s'est dit, cette nana ne doit pas avoir d'enfant.0

Les conversations autours de la descendance devenaient super tendues pour mes proches, des anges passaient (<- petite tentative d'humour) et le monde prenait un air évasif et douloureux car je devais énormément souffrir de ne pas pouvoir avoir d'enfant.

Or je peux avoir des enfants. Je pense même pouvoir en éduquer. Je n'en ressens pas le besoin-désir whatever se passe en les gen.te.s qui font le choix d'enfanter.

Mais ce choix m'était dérobé, il devenait un état de fête : cette folle ne peut avoir d'enfant. Pour dire, mon père m'a même proposé que j'en fasse un et qu'il l'élève.


La violence malsaine du truc.
 pétain pétain pétain je dis quoi ? 

 Donc, l'un dans l'autre, On ne m'a jamais laissé ce choix. Soit je ne savais pas ce que je voulais et l'émerveillement du truc merveilleux de la maternité allait m'apparaitre un beau matin devant mon bol de Nesquick et paf, ça ferait des bébés.
Soit j'avais le bon goût exquis de ne pas faire l'offense au monde de procréer, moi la folle.

C'est lourd le silence, je dirais même avec NOII que le silence qui règne devient assourdissant. Le silence qui pèse et glue autant que les "tu changeras d'avis" "tu feras cette merveilleuse découverte" blabli
Il est arrivé que je sois confrontée à ce choix. Je suis, à l’âge de 28 ans tombée enceinte, comment pourquoi me regarde. Cette grossesse n'était pas voulue. Et puisque j'avais pris des pr"écautions il y avait une probabilité quasi nulle pour que je sois gestante.
Aucun signe n'annonçait cette grossesse. J'étais à l'époque grosse, plus de 90kg, je n'ai pas grossi plus ni minci. Je n'avais pas de nausées. Les neuroleptiques me maintenaient en aménorrhée et galactorrhée depuis deux ans.

Cependant j'avais un rdv chez un gynécologue, un homme, pour un contrôle "de routine"

Je m'y suis rendue le sourire aux lèvres à l'idée de : Ironie. Je m'y suis rendue, je ne connaissais pas ce gyneco, j'en changeais donc nous avons discuté durant un assez bref entretien où j'ai signalé cette fameuse absence de règles depuis deux ans et ses causes présumées. Il m'a demandé s'il existait une probabilité que je sois enceinte, j'ai parlé d'un épisode de rupture de capote, norlevo, blablou, il m'a dit "aucun risque" Il m'a dit "Nous allons faire une écho des ovaires pour voir si tout va bien"*
Il a fait une écho (ça aussi le "nous" c'est assez priceless) et m'a dit "bien, rhzabillez vous et pâssons dans mon bureau"
Je me suis rhabillée et je suis passée dans son bureau. Il m'a annoncé "vous êtes enceinte". J'ai dit "oh.", choquée. Il a ajouté "la grossesse est avancée". Il ne m'a pas dit de combien. Il m'a dit "Eh bien il faudra parler au... au monsieur." et de suite "Vous pouvez aller voir le Dr G moi à ce stade je ne le fais pas ça me..." *geste de dégoût, ou tristesse, ou envie de vomir* J'ai compris que "ça" le brassait, j'ai compris que "ça" signifiait une IVG ou IMG, je ne savais pas je ne savais plus de combien de semaine je pouvais être enceinte, j'ai compris aussi que moi la folle, on ne me demandait pas ce que je souhaitais faire.
Je voulais avorter, je devais avorter, c'était pas possible autrement. Je me demandais cependant comment amener une IMG sans motif médical : je n'étais pas en danger physique, le fœtus non plus visiblement, so what ?

Bref dans ma petite auto avec mon petit chapeau j'ai fait la route jusqu'à l'autre hôpital pour rencontrer le Dr G, cette fameuse docteure "qui faisait ça"

Il y eu un interne, le rdv posé avec un autre gynécologue obstetricien, qui lui aussi faisait "ça" m'a-t-on dit.

Tout allait dans mon sens, je ne souhaitais pas avoir d'enfant, la grossesse était non seulement inattendue mais non désirée et on m'expliquait peu de choses, à part qu'on allait me faire "ça", un geste médical tellement immonde que personne ne pouvait le nommer.

Quand j'ai signé le papier j'ai appris qu'On acceptait de me faire "ça" pour "raisons psychiatriques"

Je suis pour des raisons techniques restée 3 jours à l'hôpital en attendant que mon col se dilate et que "l’œuf" descende, le tout perfusée, sans manger, sans boire, sans mon traitement car On pouvait m'opérer à tout moment.

Je pensais me jeter par la fenêtre (qui était ouverte)(elles ne le sont plus nulle part car d'autres personnes caressent l'idée de se foutre par la fenêtre) personne ne m'a parlé (je précise ici que certes les infirmières en gyneco n'ont "pas de formation psy", mais que les jeunes diplomées qui bossent en psy ont la même (non) formation psy, que l'entretien infirmier est un acte technique, qui s'apprend comme la pose de cathéter et que être humain.e quoi, c'est si dur que ça ?)

Donc je devais avorter (d'un fœtus dont je ne connaissais toujours pas l’âge) acr j'étais folle mais ma folie n'était pas prise en charge. Un contexte hautement anxiogène chez une personne souffrant d'angoisses majeures et moi pas traitée chimiquement ni par la parole. Mm.

C'est là, dans mon lit, à lutter contre des contractions une nuit (avoir de la morphine j'ai pu, les contractions sont de vraies douleurs contrairement aux angoisses qui sont dans la tête. L'angoisse devrait se loger dans l'utérus pour être prise en charge) que je me suis dit "je ne pourrai JAMAIS avoir d'enfant"

On venait de me l'ancrer dans la tête. Ce n'était plus un possible qui ne m'intéressaitn pas trop, c'était un interdit sur un sujet donc on me serinait, par les mots puis par le silence qui était censé accomplir les personnes humaines en tant que personnes humaines.

Je n'étais pas humaine, je n'étais pas une vraie fâmme, je ne pouvais enfanter, je ne pouvais nourrir. Cela me tournait dans la tête "capable de concevoir et pas de nourrir"

Une faute immense, impardonnable preuve profonde et ultime que j'étais un parasite sur terre. Que je ne faisait pas partie de la communauté humaine.

L'Interruption Médicale de Grossesse a eu lieu, je fus délivrée, mais il n'y a que depuis peu que le fardeau n'en est plus un. C'est simplement une vue de l'esprit. Il suffit de faire bouger le kaléidoscope d'un quart de tour.

Ca s'est vraiment débloqué quand une de mes nièces, qui avait alors sept ans, m'a demandé

"Dis Ju, pourquoi tu n'as jamais eu d'enfant ?"
Le bon peuple des humains normaux a retenu son souffle et j'ai répondu ce que j'en pensais "Ben, parce que j'en ai jamais voulu" "Alors c'est bien" a conclu la fille.


Oui, alors c'est bien.

mardi 1 décembre 2015

Dépolitiser ma schizophrénie



J'ai eu à lire, deci-delà
J'ai eu à m'entendre dire, deci-delà
Que "la" schizophrénie est un produit de notre société, que la société capitaliste rend les gens schizophrènes "pour les faire taire" (je l'ai entendu tel quel)
Et que si j'étais schizophrène, en gros, c'est parce que le complexe militaro industriel l'a bien voulu.


Non.



Ma schizophrénie n'est pas politique. Pas en ce sens. Si ma schizophrénie est subversive c'est un dommage collatéral. C'est la manière dont elle s'exprime - je ne suis pas silenciée, décompensée, je tonitrue. Je tache. Est politique la manière dont la société traite les schizophrènes. Est politique ce que je revendique de mon droit à exister au même rang que les autres citoyen.ne.s avec ma schizophrénie.

Je ne sais pas trop comment décrire cette schizophrénie. Je dis parfois "je suis schizo", pour faire court et aller vite.
Je dis parfois "je souffre de troubles schizo affectifs"
Le plus souvent, je dis que "je vis avec une schizophrénie".
Je l'appelle maladie chronique ou pathologie chronique (avec des phases aiguës) ou parfois, handicap. Si je désigne ce trouble (encore un autre mot) ainsi, c'est que je suis contrainte chaque jour d'avaler un tas de médicaments simplement pour être "bien", "normale", que je ne peux effectuer un travail rémunéré du fait de cette maladie, que je suis bientôt retraitée, de façon anticipée, pour invalidité (encore un terme)

Personne ne connait vraiment à ma connaissance les causes des schizophrénies. Elles seraient neuro psycho sociales, On me dit "c'est polyfactoriel". POur moi, depuis le temps, il y a des causes neurologique, psychologiques et environnementales.
Mais de cela on peut douter car on trouve  les schizophrénies partout dans le monde, avec la même incidence. Depuis aussi longtemps qu'elles sont reportées sous ce nom ou sous en autre (il y eut "démence précoce")

Elles ne sont donc pas le produit de notre société, ici française, elles ne sont donc pas le produit de l'oppression des plus pauvres par les plus riches.


Surtout, ma schizophrénie m'appartient. Elle fait partie de moi. Quand je dis que je vis avec des troubles schizo-affectifs forme dépressive, je dis une partie de moi. Une maladie chronique qui a façonné une partie de moi. Elle s'exprime avec ma propre expression, elle s'exprime de ma voix, différente de celle d'autres personnes vivant avec le même trouble.

Ce qui me silencie ce n'est pas le systèmle capitaliste, pas concernant cela précisément, ce qui me silencie c'est le paternalisme, médical, social, familial, c'est le mépris, c'est être persuadé.e que puisque parfois je suis en proie à des délires, des hallus, des symptômes, je ne sais pas ce que je dis, je ne sais pas ce qui est bon pour moi.


Je refuse qu'une personne non concernée m'affirme comment comprendre ma pathologie et la manière dont je devrais la vivre. Je refuse d'être instrumentalisée, car c'est cela précisément qui me silencie.

Qu'on utilise MA schizophrénie que JE vis que JE comprends mal que JE manage pour ME faire dire de façon passive des choses que je n'ai pas envie de dire, ou que j'ai envie d'exprimer différemment, que j'ai envie d'exprimer de MA voix et pas "parce que tu es folle, c'est le système tu vois"

Demandez-vous plutôt en quoi vous, vous êtes des produits du système, questionnez-vous sur l'expression de vos révoltes. Écoutez moi comme vous écoutez tou.te camarade, ne me tokenisez pas.

Je ne suis pas un drapeau, je suis une personne.

lundi 30 novembre 2015

Trop c'est pas assez






J'en veux sûrement trop, je ne suis sans doute pas au clair avec ce que j'attends de moi, avec ce que j'attends d'autrui.
Je veux
Je veux être qui je suis, je veux vivre en défonçant la vie, je veux accepter sinon aimer ma schizophrénie, je veux être une bonne personne, faire, devenir, apprendre, me réjouir, jouir
Mon cerveau est pataud et moi-même la folle follette je me compare à un jeune chiot, tout plein de bonne volonté et d'amour mais qui trébuche , marche sur ses propres pattes et poursuit sa queue longtemps.
Mon cerveau a des ratés et des couacs, mon lourd traitement n'aide pas à penser, je me fatigue si vite mentalement.
Mais je veux
Je veux étudier encore, du français et de l'anglais, de l'Histoire et de la géo.
Je veux accéder au DAEU, je veux faire une formation d'écrivain public pour donner quelques heures bénévoles, pour être au contact, pour être en contact, pour donner à la société comme elle me donne à moi.
Je veux lire des tas de livres, des romans, de la sfff, des essais, de la poésie, du théâtre, je veux me nourrir de mots, je veux bouffer des idées et de la littérature, je veux m'enrichir de tout cela, de ce firmament presqu'infini de livres.
Je veux aimer, je veux couvrir mon très bel amour de mon affection immense, de mon respect, de mon désir, de mon admiration, de mes petits tiquages devant ses charmants défauts, de vie commune encore et encore, de partages de richesse intérieure encore et encore
Je veux aimer mes ami.e.s et partager aussi avec euxlles des caresses psychiques, de la musique, des mots des lettres, des rires des joies, des chagrins et des peines immenses, parfois.
Je veux déambuler dans la cité et dans la nature, parcourir petites routes et nationales en voiture brinquebalante, même si me repérer dans l'espace me demande tant d'effort que conduire m'est très délicat.
Je veux des soins, du soutient, beaucoup, plein, échanger avec les soignant.e.s, me réchauffer et me renforcer à leurs mots, leurs ordonnances de pilules et d'ateliers, de rencontres et de lrarades, parfois.
Je veux soutenir ma famille, je veux une distance très juste, de ces distances qui n'existent que dans mes rêves, mais je veux rêver et je veux, oui, je veux que mes rêves se réalisent.
Tout m'est difficile, On m'a dit un jour "oui, vous faites beaucoup d'efforts pour vivre", tout m'estv difficile mais peut-être que rien ne m’est impossible, il ne suffit pas de vouloir pour avoir, oui, oui, mais je veux trop et trop c'est poas assez.

jeudi 26 novembre 2015

Trop et pas assez malade






Un jour mon psychiatre, embêté face à mes difficultés au travail et ma volonté, pourtant, de bosser, m'a asséné "Le problème avec vous c'est que vous êtes trop malade pour vivre bien et pas assez pour bénéficier de réelles aides"

Me voilà bien emmanchée, me suis-je dit, que dois-je faire maintenant. Il m'est venu à l'esprit cette phrase, que je cite de mémoire donc approximativement et qui doit se trouver dans 1984 : "la liberté ? La liberté d'être un rond dans un trou carré ?" ou un carré dans un trou circulaire. Voilà l'esprit
Tu vois l'délire
Et apparemment je ne suis pas la seule à être dans cette position inconfortable.
En réalité je n'y suis plus, je n'y ai peut-être jamais été, j'y ai été assignée, placée.

Trop malade ET pas assez.

Durant certains phases de mes troubles schizo-affectifs, je suis clairement à la dérive, soit sur un mode, le plus fréquent, très dépressif
vit seule avec son chat dans un état d'incurie depuis des mois
soit hypomane à mixte, c'est à dire dans un état de grande excitation psycho motrice, à un état exalté et profondément dépressif à la fois.
Je n'ai alors plus vraiment toute ma raison. Des idées sub délirantes m'envahissent, je laisse mon corps à l'abandon (obésité, maigreur, saleté, alcool), je suis angoissée sans cesse, je ne dors plus ou alors je dors tout le temps, j'ai des idées de grandeur ou d'indignité profonde ou les deux à la suite dans un cycle très rapide, etc. Je me scarifie, je fais des "scènes", je pleure, je suis prise de crise d'angoisse paroxystique, je crie ou je me prostre...
la folle en habit de folie
Personne ne peut nier ma maladie. Personne ou presque car durant d'autres phases, je suis adaptée, je prends grand soin de mon corps, je me sèvre de l'alcool, je me remets à lire, travailler, sortir...

Alors, je ne sais pas, le célèbre On pense que je le fais exprès d'aller mal ou de me laisser aller, j'entends même que moi ça ne me fait rien et que j'oublie la douleur infligée à mes proches. Qu'il faut me secouer, et toute les bullshit invalidant ma parole et ma souffrance, soit positive, lave-toi ça ne coûte rien, perds du poids, dors régulièrement, y'a tant de gens qui t'aiment et tu ne le sais pas.
Cela va de pair avec une méfiance de ma parole et de mes décisions, toujours. Je ne suis pas la seule à vivre dans l'ambivalence et le paradoxe. Après tout, dit On, je suis folle, je ne sais pas gérer mon argent (j'ai été sous curatelle), je ne sais pas m'occuper de moi, de mes chats, de mon appartement. Je ne peux pas décider de ma vie, de mes soins, de ma carrière.

Je n'ai donc pas le droit de "me plaindre" tout en étant catapultée dans la case de la fille qui ne sait pas ce qu'elle fait.Visiblement je suis "malade quand  ça [m']arrange". "On ne peut rien [me] dire" Mais ça ne m'arrange jamais d'être malade. Et il faut entendre ce qu'On me dit.

Certains soignants sont assez perplexes aussi. Infirmière libérale ne colle pas avec ma personne physique au moment M ni avec mon dossier médical de vieille folle à chats ni avec mon diagnostic.

On me juge "pas assez malade" pour une auxiliaire de vie (ménage), "trop malade" pour pouvoir vivre seule dans le ch'ni, "pas assez malade" pensait-on, pour une AAH mais "trop malade" pour pouvoir vraiment travailler.

Prise dans ce truc je pensais moi aussi être capable, pouvoir faire, devoir faire. Si je cessais le taff et qu'on ne m'accorde aucune aide parce que "pas assez invalide" ? Mais en même temps reprendre mon poste et commettre des erreurs ?

Dites, avant de taxer les gens d'ambivalence, ou d'être pris.e.s dans des paradoxes très schizo, prenez en compte les messages que vous envoyez.
wink wink


Enfin, en discutant avec une pote, je me suis aperçue que nous étions toustes dans ce truc là, dans le trop capable pas assez capable, malade mais pas malades.

Simplement, écoutez quand je vous dis "je suis schizo" c'est pour aller vite, c'est informatif. "Je vis avec une schizophrénie" c'est je vais bien. "Je souffre d'une schizophrénie" c'est que je vais mal.

mercredi 18 novembre 2015

Altérité, le risque de la psychophobie






J'écris ce jour, 18 Novembre à une très courte distances des tueries de Paris.

J'ai partagé sur la page Facebook l'intervention du 10 Janvier 2015 de Cyrulnik.

Il m'est important de dépsychiatriser, dépsychologiser les auteurs des attaques meurtrières, abominables. Ils ne sont pas "fous". Quand l'horreur surgit nous avons tous besoin de rejeter les coupables dans l'altérité tant nous avons du mal à comprendre pourquoi nous avons si cruellement été atteints, si aveuglément.

Nous ne sommes pas l'Autre, nous ne sommes pas l'inquiétant étranger, nous sommes humains. Nous ne sommes pas hors de l'humanité - je ne comprends pas le crime, je ne cherche plus à le comprendre. Il y a sans doute des modes de pensée qui nous échappent complètement, des référentiels moraux antagonistes aux nôtres (croyons nous, sans doute, je suis en pleine lecture des Identités Meurtrières d'Amin Maalouf)

Je suis bien incapable de faire une quelconque "analyse" des événements venant de se produire, je trouverais d'ailleurs cela indécent, mais beaucoup de "retours" me pèsent. Me mettent mal à l'aise, en tant que malade psy.

Les injonctions à boire de l'alcool, les injonctions à être heureuse - pour résister. La résistance à la douleur morale est une partie de l'histoire de ma vie. La résistance à l'alcool aussi. La configuration change, des drames ont eu lieu, d'autres surviendront j'en ai la conviction. Oui, je suis préoccupée, oui, je lutte pour le bonheur comme j'ai toujours lutté.

Je vous demande, ami.e.s, de ne pas englober les terroristes dans les"fous", je vous demande de ne pas adhérer à ce que j'ai pu lire sur les "délires mystiques". Que va-t-il arriver, sinon, aux usager.e.s réellement aux prises avec un délire mystique, ceulles qui se vivent Jesus, Mahomet, Dieu lui-même ? Je garde confiance envers les soignant.e.s pour garder juste mesure et ne pas dénoncer des états de souffrance ou d’exaltation, transitoires, aux forces de l'ordre. L'hôpital (hospitalis domus, maison où l'on reçoit les hôtes) est un lieu de soins, de refuge, un abri. Je garde la confiance qu'il le restera.

Mon intentio n'est pas moraliste, mon billet est ma pierre vers la construction permanente d'un certain vivre-ensemble.


mardi 17 novembre 2015

Super-pouvoirs et lointains bugs - où je vais quand je m'absente



J'ai appris dernièrement en lisant un article que 80% d'entre nous, schizophrènes, avons des "troubles cognitifs", ce qui était spécifié par troubles de la mémoire immédiate, de l'attention et difficultés à se repérer dans l'espace.

Lisant cela je me suis dit "Hhhhhhhha" et me suis trouvée vachement soulagée. Car je souffre de tous ces troubles, en plus d'une "maladresse" légendaire depuis mon enfance (une pseudo dyspraxie) et ce que l'on me renvoie est que je suis une je-m'en-foutiste qui ne fait attention à rien.

J'y pense depuis quelques temps, déjà, depuis le moment où je suis "tombée du déni" et, me rendant pleinement compte que je suis schizophrène, me suis mieux penchée sur les causes neurologiques.

Mon psychiatre m'a expliqué plusieurs choses "cerveau reptilien et cerveau "raisonnable" mal équilibré, me forçant à penser consciemment à mes émotions sans cesse pour rester "équilibrée". Cela cause une fatigue physique du cerveau, terme que ce psychiatre m'a proposé et qui me plait beaucoup.

Donc je suis maladroite, tête en l'air... Je me perds partout, je casse des objets, je ne me rappelle de rien...C'est pénible pour tou.te.s mais au final surtout pour moi.

Imaginez-vous dans un magasin de porcelaine, vêtu.e de trois pulls, d'une doudoune et de moufle, devant manipuler des objets fragiles tandis que d'autres sont en précaire équilibre partout, tandis que, sous l'emprise de calmant ou d'un peu trop d'alcool, vous recevez des consignes.

Pas facile. C'est un peu ma vie quotidienne.

Alors, o sont mes super pouvoirs ? Une chose dont je ris, c'est ma capacité étonnante à savoir ouvrir tous les emballages "ouverture facile" que mes connaissances NT ne peuvent ouvrir qu'à la tronçonneuse. J'ai élbaoré une théorie comme quoi ils étaient conçus par des gens "maladroits" ou dyspraxiques, et que seuls les "maladroite et dyspraxiques" comme moi sont en mesure de les faire opérer.

Pour mes troubles de l'attention, je vis de longues absences. Je les appelle les absences.

Pendant toute la première partie de ma vie disons jusqu'à mes 38 ans, j'avais la capacité de "m'absenter", quand je m'ennuyais ou sous le coup du stress (auto-hypnose spontanée) et en même temps d'enregistrer ce qu'il se passait sans chercher à le comprendre.

Mon exemple est la réunion qui s'éternise, surtout pour une secrétaire. Je pouvais parfaitement prendre des notes exhaustives (qui parle, que dit-iel ?) tout en pensant à complètement autre chose, ou en dormant. Si on me demandait mon avis, j'étais capable de repasser la bande sonore des 30 secondes qui avaient précédé, l'écouter et la comprendre, et répondre. Je présente mes excuses à mes supéreiurs pour ces siestes éveillée, néanmoins je faisais mon travail correctement.

Maintenant, évolution de la maladie, forte charge en benzo et baclo, je ne le peux plus, quand je m'absente, je ne suis plus du tout là.

Pour ce qui est de dormir éveillée, là encore je pense qu'il s'agit d'un état de transe auto-hypnotique. Je dispose d'une espèce d'interrupteur mental, que je peux actionner et, par exemple, tous les matins je fais ma gym en dormant. Un seul de mes neurones est vigilant pour capter les consignes du DVD et les éxecuter, pour le reste, je finis ma nuit.

Où vais-je quand je m'absente ? Souvent, comme c'est involontaire, je "prends" inconsciemment un bout du film, de la conversation, d'un livre (oui, je m'absente en lisant, et pas que des ouvrages que je trouve ennuyeux). Je pense à des moments, à des conversations, à des trucs et des machins, bref, je somnole, je rêvasse.

Quand le déclic est volontaire je pense à des chats, un jardin japonais en fleurs sous la neige, au Lac Léman.

Désormais, benzo, âge, alcool consommé par le passé, mon pauvre encéphale part en brioche. Comme tout le monde j'ai été très choquée par les tueries du vendredi 13. Je me réveille à peine péniblement. Mon très bel amour a compris, toujours bienveillant, sans doute inquiet. Mes bugs étaient longs et fréquents. e me remets, comme nombre d'entre nous, et la façon dont ces attentats m'ai "impactée" ne présente pas grand intérêt.

J'ai tout de même entendu parler de "psychose collective", de "délire mystique" et de "fous" et "d'idiots". Je laisse pisser pour le moment, à tort ou à raison. Je ne risque pas, comme les personnes racisé.e et/ou musulman.e.s d'humiliation, d'oppression pire encore... Dois-je attendre que dans les HP des arrêtés obligent les soignant.e.s à dénoncer les propos problématiques des usager.e.S ? Comme on nous avait demandé (circulaire) de balancer aux flics des étrangers en situation irrégulière ?

Je me réveille dans le chagrin, et la lassitude, déjà.

vendredi 13 novembre 2015

De quoi PN est-il le nom ?"


(ceci est une boite, mets ton ex dedans)

Je lis encore de trop nombreux articles pseudo scientifiques sur ce diable moderne que serait "lae pervers.e narcissique".
Il s'agit d'un concept bidon, ne désignant rien ni personne au niveau psychopathologique, et servant volontiers de fourre-tout pour ranger bien "proprement" un.e ancien.ne amour.e ou un patron vindicatif. 

De quoi pervers.e narcissique est-il le nom ? De la psychophobie, de la peur presqu'universelle des relations affectives, de ce qui nous arrive à quasi tou.te.s (sauf quelques personnes qui me rendent admiratives) au décours d'une relation amoureuse qui devient difficile, moche
... ou se termine.

Bien évidemment la maltraitance psychologique existe et c'est vivre une horreur que de la vivre. Bien sûr il existe des gens cruels au foyer et adorables en société... Je ne renie pas pour ma part la notion de "pervers" (perversité = jouissance à infliger le mal, différent de "perversion" qui désignerait une "déviance" sexuelle) mais stop.

Plusieurs choses sont à l'oeuvre qui se voient chez des personnes dites perverses, mais qui dans les nombreux articles sont délayées et rendues vagues et peuvent correspondre à grand nombre d'hommes et de femmes, sont diluées et élargies.

Mon gros problème face au terme et son usage généralisé est la psychophobie qu'il véhicule. "Iel me fait du mal, c'est qu'iel est fou.folle"

De cette façon là et aussi de manière cruelle pour les personnes, porteuses de troubles psy surtout, qui éprouvent des difficultés dans leurs relations amoureuses. Je pense aux notions de "chantage" (j'ai évoqué dans mon billet sur la mort le "chantage au suicide", la dépendance affective soulignée ("iel ne vous quittera pas"), d'être différent.e dans la sphère privée et sociale (ici aussi sans précision, après je pense que tout le monde se présente de manière policée à l'exterieur et "plus nature" chez soi, à tort ou à raison)

Ouane again, les mots sont importants, les concepts sont importants. Ne psychiatrisons pas les gens, n'utilisons pas des "diagnostics" comme des insultes ou des cases à ranger les malfaisants (idem pour le tueur psychopathe, le terroriste fou, le serial iller schizophrene), apprenons à vivre ensemble, ne diluons pas les souffrances des victimes en amollissant les concepts et les diluant.


jeudi 12 novembre 2015

Harcèlement à l'HP



A l'hôpital comme partout les femmes peuvent être victimes de harcèlement. Cela va de la proposition sexuelle plus ou moins crue aux gestes déplacés...
Il est complexe pour les soignant.e.s de "réguler" ce "problème", je l'entends bien (j'y ai été également confrontée en tant qu'infirmière) il n'en est pas moins que lorsque l'on va très mal (au point d'être hospitalisé.e), se faire demander en boucle une fellation à 6h du matin est dur et cru, insupportable.

Longtemps je n'en ai rien dit. Cela est triste mais le harcèlement est partout et je me demandais ce que les infirmier.e.s pouvaient faire.

Iels ne font rien - ou pas grand chose.

Je fus victime du "mais vous c'est pas pareil", entendre "Vous vous êtes raisonnable, vous êtes d'un "niveau supérieur", lui il ne peut se maîtriser, il n'est pas méchant il ne va pas vous violer, vous êtes en mesure de comprendre"

Ce qui est en fait la réponse très souvent apportée aux femmes se faisant agresser dans l'espace public. "Au fond ce n'est pas bien grave, inutile d'avoir peur"

Reste que le harceleur n'est pas "repris" le plus souvent. Son comportement problématique envers toutes les femmes est connu et ça embête bien les équipes mais que faire ? A iels de trouver les réponses. Je note cependant qu'insulter un.e infirmier.e.s ou un.E médecin est recadré, les mots crus envers une patiente, beaucoup moins.

Ma dernière hospit' fut super, vraiment et m'a beaucoup aidée, en service ouvert, super équipe. Il m'est arrivé un pépin cependant. C'était ma première matinée dans le service, j'étais en cours de rémission d'une décompensation quasi catatonique et encore incapable par exemple, de réaliser une déco de noel proprement.
A 5h du matin je me suis réveillée, comme tous les matins, et j'ai voulu aller fumer sur la terrasse. Les feux étaient encore éteints et je cherchais mon chemin dans le noir quand un homme, que je ne voyais pas dans l'obscurité, m'a hélée en chuchotant pour me dire bonjour.
Cela n'a rien d'exceptionnel et j'apprécie toujours lier des connaissances, à l'hôpital ou ailleurs Il a tenté de me faire la bise en me passant un bras autours de la taille, j'ai pu reculer et imposer une poignée de main. Je n'avais alors pas peur. Il m'a signifié que la terrasse était encore fermée "ma pauvre" et a ajouté "tu me suces en attendant ?" j'ai refusé vivement et ai filé dans ma chambre loquet fermé.

Mal à l'aise je n'ai rien signalé à l'équipe à ce moment là. Un ou deux jours plus tard, au cours d'un atelier esthétique, je m'en suis oiverte à l'infirmière, un peu sur le ton de la plaisanterie. "Il m'a fait des propositions indécentes" Elle s'est montrée surprise, choquée serait un terme trop fort, et m'a vivement conseillé de le signaler au psychiatre chef de service. Je lui ai dit que je le ferai. J'étais rassurée que l'incident soit pris au sérieux.
Plus tard dans la journée un infirmier m'a reparlé de cet épisode de harcèlement, me redisant d'en parler au psychiatre et, si j'en ressentais le besoin, de déposer une main courante au commissariat.
C'est là que j'ai commencé à flipper. Je ne saurai jamais si l'homme qui m'a proposé de le sucer de bon matin avait des antécédant de crime ou délit sexuel, mais c'est vraiment ce que je me suis dit.
Et puis ce type m'a couvé d'un regard noir, m'a fait des remarques "par ta faute je vais devoir voir [nom du psy]"
J'avais peur. Je me rendais compte du problème : l'agresseur est repris, mais il reste dans le même service o les équipes ne peuvent être présentes sans cesse. En quasi huis clos.
J'ai été reçue par le Dr S. J'ai du redire le déroulement des événements tandis qu'il pianotait sur son ordinateur. Il m'a demandé les termes exacts (toujours vaguement soupçonnée de "fantasmer" voire "délirer") J'ai répété les termes exacts, il a sursauté.
Et rien.
L'homme en cause ne venait que le we et je ne suis pas restée hospitalisée longtemps, mais le malaise était là tous les vendredis soir.


L'hôpital est le lieu o, usagere schizophrène, femme à la libido galopante, je suis censée être protégée de mes "pulsions". Je le suis moins des "pulsions" des hommes harceleurs. Ici l'affaire a été prise en grand sérieux. Honnêtement je ne sais pas ce que l'équipe aurait pu faire de plus et je les remercie chaudement d'avoir écouté mon récit et acté une réaction collégiale. Cela doit à mon sens être réfléchi et je comprends bien les complications. Les femmes vivant avec des troubles psy sont plus souvent abusées que les femmes n'ayant aucun trouble psy (qui en subissent déjà énormément)

Je termine en disant que ce ne fut pas le plus "pénible" pour moi, le plus insupportable est l'usager dit déficitaire qui répètes en boucle "tu me suces tu me croques ?" pendant 20 minutes le matin et dont le comportement agace les équipes sans qu'il semble "possible" d'y remédier. Mais au moins qu'on ne sous entende pas que c'est bien naturel, que je peux "comprendre" et que je suis en sécurité. Il ne me violera pas, mon intégrité n'est pas en danger, je peux comprendre que cet homme n'ai pas les capacités de restreindre tout ceci, mais qu'on le lui restreigne, nom de bleu, ce n'est pas anodin, ça ne me fait pas rien, on ne peut décemment pas passer ces mots sous le "de toute façon il est comme ça". Le dit-il à une infirmière ? Jamais. Donc il sait se restreindre.

mercredi 11 novembre 2015

Sexualité, oppressions croisées

Ma propre sexualité est évidemment anecdotique mais je vais exposer les grands traits pour expliciter mon propos. J'ai une libido souvent foisonnante, elle a été aussi totalement en sommeil sur de très longues périodes, j'ai connu des relations fixes, exclusives, et des périodes où je rencontrais de multiples partenaires.

Je n'apprendrai rien à mes soeurs-femmes sur ce qu'il nous est dit de notre sexualité et à quel point elle est niée, bafouée, psychiatrisée, depuis les hystériques de Charcot, les nymphomanes. Combien l'on nous stigmatise : salope, coincée, toujours infantilisées et irresponsabilisées, quand y'en a beaucoup c'est de la nymphomanie ou un problème hormonal, quand y'en a pas c'est une névrose ou un problème hormonal. Heureusement que les hommes de + de 20 ans n'ont pas d'hormones, on n'aurait pas le cul sorti des ronces. Nous sommes censées ne pas savoir, que nos non veulent dire oui, que nos oui sont slut shamisés, etc etc etc etc

Quand on est folle, quand on est psychiatrisée, le fardeau est pire encore. Après le "tu aimes baiser avec plein de gens, tu dois être folle" est venu le "si tu as envie de baiser avec plein de gens, c'est parce que tu es folle"

J'en ai entendu, du grand classique du music hall "tu ne te respectes pas" au "tu dois être protégée de toi-même" "tu es dans une période où tu te roules dans le caniveau, il te faut te médiquer sérieusement, te protéger à l'hôpital" Je serais une adulte non responsable, traitée comme une mineure de moins de 15 ans, là o les non sont censés vouloir dire oui, mes oui signaient un état aigu de folie.

Alors bon, j'ai eu de multiples partenaires, j'ai souvent pris du plaisir, souvent pas trop aussi, ce sont les aléas des rencontres nombreuses, tous les gens ne s'imbriquent pas toujours de manière satisfaisante pour soi dans une osmose magique qui serait générée par le peau à peau (et les hormones), respect de soi ou pas au final c'est mon histoire (mon mépris de moi sous d'autres formes était très bien toléré par contre), respect des autres, oui, toujours (on ne demande jamais aux hommes s'ils se respectent quand ils fuckent avec des inconnues) et c'est ennuyant d'en parler parce que voilà, c'est anecdotique, je vis une sexualité parmi d'autres.

Dans mes moments sans libido, mes proches étaient très rassurés. J'étais calme, je me respectais, je n'étais pas malade, ou moins, ou selon un mode très acceptable : je ne leur semblais pas en danger. Peu importe que la flamboyance de ma libido soit liée à mon humeur, aille avec ma vitalité. J'étais semi morte, abominablement triste ou vide et abrasée, je souffrais de ne pas ressentir de désir sexuel (que je peux asouvir seule, parle à ma main) mais bon, j'étais bien rangée chez moi à me morfondre avec mes 72 chats.


J'en suis venue à culpabiliser, à me dégoûter (et la faille narcissique était déjà bien présente) à me qualifier de nombreuses perversions et paraphilies. Jusqu'aux jours o mapsychologue à qui j'en parlais en séance, de manière alambiquée mais en gros pour battre la coulpe, me dise calmement que la sexualité infantile c'est très bien, c'est riche, foisonnant, gai, ça va un peu dans tous les sens et c'est bien plaisant.


Joie. Libération. Empowerment. Je fus apaisée avec un sourire tout ravi de chat comblé.


La sexualité des schizophrènes est taboue. Comme nous sommes déresponsabilisées, infantilisée, bien des soignant.e.s admettent comme axiome que nous sommes incapable de donner ou refuser notre consentement. Tout homme, femme, autre genre est soupçonné.e de prédation en couchant avec nous. Voire ça dégoute un peu (vrai, de ce que j'ai entendu comme soignante) Les fantasmes vont bon train. Toute pratique sortant un peu des sentiers battus est marquée du sceau du symptôme, de la déviance, de la pathologie lourde, de la vulnérabilité face à un.e partenaire qui serait pervers.e et abuserait de nous.

Les troubles sexuels liés aux troubles (pour moi, la dépression) psy et/ou aux traitements sont très mal pris en charge. Les psychiatres s'affolent plus rapidement d'un trouble de l'érection chez un homme ("vite changeons de molécule sinon on risque la rupture de traitement") qu'un trouble du désir ou du plaisir chez une femme ("Il faut le supporter madame ça serait encore plus pire que pire si vous arrêtiez le traitement")


Je pense revenir dans une autre note, plus spécifiquement sur le harcèlement sexuel à l'HP.

mardi 10 novembre 2015

Précieuxses allié.e.s






Cher.e.s vous, que j'aime, apprécie, estime, ma famille, mes ami.e.s, mon très bel amour, les inconnu.e.s ou connaissances des réseaux sociaux

Je vous parle de psychophobie, je vous parle parfois de mon militantisme, je m'exprime comme je le peux, ici et ailleurs.
Je clame le mot psychophobie, que je définirais par la discrimination, l'oppression du groupe dominant envers les personnes vivant avec des troubles psychiatriques, et/ou que certain.e.s nomment neuroatypies (ces personnes ne se vivent pas malades, mais "différentes" du plus grand nombre de par leur fonctionnement neuropsychique). Cette définition zst criticable et je suis ouverte à correction.
La psychophobie en pratique, qu'est-ce ?
C'est la partie émergée de l'iceberg : la discrimination à l'embauche, aux études, les difficultés sociales, les rejets "criants" par partie de la population autoproclamée normale. Les difficultés à obtenir un prêt (risque suicidaire), à entretenir un dialogue serein envers les autorités bancaires en général.
La psychophobie c'est le rejet, la peur inspirée par la "différence", la stigmatisation, c'est l'image hollywoodienne du serial killer "schizophrène", c'est le fou sans abri et sans soin aux comportements récrié par "les braves gens"
La psychophobie c'est les violences medicales qui perdurent encore dans certaines institutions, les hospitalisations sous contraintes, contentions physiques, médications forcées abusives (en mon sens toutes ne le sont pas même si elles pourraient être évitables)
La psychophobie c'est la santé mentale cinquième roue du carrosse avec une carence de soins et de bien traitance liée au manque de personnels soignant.e.s, de lieux de soins, d'hôpitaux et cliniques, les proches et les usager.e.s qui ne trouvent pas, ou très difficilement, de lieux de soins, de lieux d'écoute, de lieux de soutien et cela lors même de situations d'extrême urgence, des soignant.e.s, professionnel.les débordé.e.s par le manque de moyens.


La psychophobie c'est le traitement de la folie par les médias, les émissions scandales sur les Unités pour Malades Difficiles présentant des usager.e.s ayant commis des crimes, ayant donc un passif medico legal, et tendant à stigmatiser l'ensemble des psychotiques (nous sommes 600 000 schizophrènes à vivre en France tout à fait paisiblement dans une grande majorité.), ce sont les reportages sur les fous criminels, dont les passages à l'acte sont montés en épingle (beaucoup plus que les ô combien nombreux feminocides perpétrés par des hommes tout à fait neurotypiques, par exemple et qui sont qualifiés de "drame familial") et qui entretiennent la peur envers les usager.e.s.

La psychophobie ce sont les "fantasmes" autours des troubles, fantasmes de violence, mais aussi romantisation, de type belle jeune femme pâle et alanguie pour illustrer la dépression ou artiste maudit pour illustrer la schizophrenie, ou encore personne poétiquement marginale avec un entonnoir pailleté sur la tête.

La psychophobie c'est le paternalisme médical, le discours "iels ne savent pas ce qu'iels disent, font, il faut les proteger d'euxlles mêmes, pour leur propre bien, sans leur demander leur avis qui est faussé.



La psychophobie c'est une longue Histoire de la maltraitance des fous (conseil de lecture : Un monde de fous de Patrick Coupechoux)

La psychophobie c'est aussi moi, vous, nous tous, comme pour toute oppression systémique nous ne pouvons pas brandir l’étendard "hashtag les gens".

Voilà mes ami.e.s, mes proches, mon très bel amour, ce que nous pouvons faire pour lutter contre la psychophobie quotidienne, celle qui sape dès la base, insidieusement, celle qui s'infiltre, celle à laquelle nous ne faisons pas attention parce que c'est pas grave au fond et que les vrais problèmes ne sont pas là.


Les termes : arrêtons d'user de termes psychiatriques pour qualifier des personnes dont le comportement nous indispose, nous choque, nous semble étrange. Iel n'est pas "fou.folle" "hystérique" "parano" "schizo". Le terroriste kamikaze et le criminel non plus, l'homme politique au discours insoutenable non plus.
Pour reprendre une connaissance : "borderline" n'est pas un adjectif, c'est un trouble grave et très douloureux à vivre. Une situation est "limite", "ambiguë", pas borderline.
"La psychose de la vache folle" n'est pas une psychose, c'est une peur collective.
Un discours n'est pas "schizophrene" il est contradictoire.
J'insiste : les termes sont importants, associant maille après maille l'idée des troubles psy et ceux qui vivent avec comme mauvais, dangereux, incohérents. Ils créent un climat particulier, psychophobe.

Les diagnostics : n'ayons plus peur des diagnostics, ils sont des mots qui désignent une pathologie, des symptômes. Resneignez vous, sur internet, auprès de vos soignants, auprès de proches ou de connaissances versés en psychiatrie/psychologie. Evitez les forums "médicaux" qui vous effrayeront, vous donnerons des idées biaisées ou pas très saines sur les diagnostics et les concerné.e.s Je vous invite à libérer votre parole envers moi pour me demander, même si je ne sais pas tout, évidemment. Je ne vous donne pas une injonction à ne pas vous inquiéter, mais peut-être à envisager ce diagnostic comme celui d'une maladie physique, en essayant de minimiser toute la charge vue ci-dessus.

La honte : la psychophobie et l'opprobre étant réels et avérés, nombreux.ses sommes nous à avoir honte de ces troubles, chez soi-même ou chez un.e proche. Pas facile de dire "en effet mon fils/ma fille ne va pas bien, iel est schizophrène et traverse un état aigu" ou "ma compagne ne peut pas travailler car sa schizophrénie l'en empêche" Ilm'est difficile de le dire. Je l'évite parfois. Il reste que déclarer avoir un trouble psy engage à des risques réels de jugements, de crainte voire de rejet. Ainsi, pour ma part, j'aime à m'outer moi-même. J'apprécie d'en discuter avec mes proches et mes connaissances afin de "controler" l'information circulant à mon propos car j'estime avoir une assez claire idée des "risques". Essayons, ce n'est pas facile, de ne pas avoir honte. Tant de choses nous poussent à baisser la tête et à éluder, mais restons fier.e.s quand nous le pouvons. C'est en parlant librement et calmement, en annonçant les troubles, que nous pourrons faire apparaitre que nous, NA, sommes des personnes sensées, avec des vies "normales" (pas en camisole en train de baver...), une vie sociale, professionnelle, amoureuse, autonome. C'est en parlant de nous que nous existerons autrement que dans Psychose

Le soutien : m'a toujours été précieux. Ne silenciez pas les troubles, ne les minimisez pas. Je vais parler brièvement de ce qui me concerne : les troubles schizophréniques, les troubles de l'humeur notamment la dépression, les troubles addictifs et compulsifs, les troubles anxieux, les troubles du comportement. Je veux bien entendre être paresseuse, mais lorsque je suis en phase dépressive, *je ne peux pas*. Dire "Il faut te motiver, te stimuler" c'est dire à une personne aux eux jambes dans le plâtre "marche, ça te fera du bien, moins tu marches moins tu sauras marcher"
Quand je suis angoissée, je suis angoissée "pour rien". J'admets apprécier être rassurée et que l'on me repose les choses, très personnellement j'apprécie beaucoup les câlins et embrassades qui m'apaisent, mais je sais que je me "fais du souci pour rien". Le savoir ne diminue pas le vécu d'angoisse. Si l'angoisse est paroxystique, je peux avoir l'impression que je suis en train de mourir. Il ne sert à rien alors de me dire "calme toi", si je le pouvais, je n'aurais jamais de crise d'angoisse. J'apprécie cependant la présence à mes côtes.
Pour tous les troubles addictifs et compulsifs, je dirais, très personnellement encore, deux angles qui peuvent sembler contradictoire. Je sais qu'ils sont dommageable à ma sant, mais je suis demandeuse dans le même temps de limites, que l'on me signale que je déconne.
Pour les troubles du comportement, même si sur le moment je suis en furie, je crois qu'il est juste et bien de me dire que ça ne va pas, que je fais n'importe quoi. J'estime toujours très personnellement, que mes proches n'ont pas à tout accepter de ma part, dans aucun cas.
En ce qui concerne les troubles schizophreniques, je sais qu'ils peuvent mettre mal à l'aise et dérouter.

En résumer, parler, parler, parler la parole aide et sauve, clarté, non-jugement, bienveillance. Et je m'inclus dans le lot, car je ne suis bien évidemment pas à l'abri de juger autrui et de me montrer dure.


Ne pas taire : puisque nous y venons. Tenter de ne pas s'enferrer dans le "je ne veux pas parler de cette période, c'était trop trite/glauque/inquietant/c'est du passé" Je ne préconise pas de parler sans cesse de tout tout le temps, mais de ne rien recouvrir d'une chape de plomb. Le dialogue peut faire du bien, vous pouvez découvrir une souffrance que j'ai vécue, je peux découvrir les vôtres, nous pouvons ensemble découvrir à nouveau tout l'amour que nous nous portons, et comment faire pour éviter de se blesser à nouveau.

Les avis et conseils : me sont toujours bienvenus. Et, sérieusement, je suis ouverte à pratiquement tout conseil, chimie, thérapies par la parole, techniques type méditation, outils TCC, phytothérapie... Conseiller c'est über chouette. Mais devrait rester au stade "conseil". Si je dis que ça ne me convient pas, fin du conseil. Me dire que les antipsychotiques détruisent mes neurones, c'est non. Dire à une personne que seuls les antipsychotiques qu'iel a décidé d'éviter sont sont seul recours, c'est non. Les conerné.e.s savent. Nous sommes principaux.ales acteurs.trices de notre santé. Le forcing n'est pas une option. Nous souffrons de la situation et il s'agit de notre corps, notre psychisme, même si vous souffrez de nous voir souffrir il ne s'agit pas de votre décision. Un pronostic vital engagé peut à mon sens (et à mon sens seulement) justifier une hospitalisation sous contrainte, mais je vous en prie, respectez les avis de ceuxlles qui vivent avec les troubles.

Rire : j'apprécie beaucoup le second degré de la part de proche déconstruits. Et nous apprécions tous de rire ensemble de tout et de rien, ne perdons pas le sens de l'humour.

Voilà mon topo mes précieux.ses allié.e.s, mes ami.e.s, mon amour. Cher.e.s connaissances et inconnu.e.s du net. On peut faire du mal sans le vouloir, j'en fais aussi (qui peut se dire déconstruit.e ? Pas moi) je nous invite tou.te.s à amener notre pierre à l'édifice vers plus d'ouverture, la société, c'est bel et bien nous. Luv you all.

"Errance médicale"






Enfant j'étais souffrante, au sens strict. Ma mère l'avait proposé plusieurs fois de rencontrer une psychologue mais j'avais refusé et elle ne m'a pas forcée. J'avais très peur, j'imaginais une femme âgée et très austère, jugeante, qui verrait en moi ou justement ne verrait rien et, en résumé, m'engueulerait. Je me sentais coupable de me montrer inquiétante pour ma maman, je souffrais de tristesse, certes, mais j'avais l'intime et diffuse conviction qu'il s'agissait d'un état normal et habituel.
Quand j'ai eu 17 j'ai tenté de mettre fin à mes jours et j'ai consulté, toujours sur avis de ma mère, un médecin généraliste, le Dr B., très à l'écoute et très bienveillant. Je l'ai vu plusieurs fois et j'ai constaté que cela m'apaisait de parler. Il a refusé, quand je le lui ai demandé, de m'adresser à un spécialiste, ne voulant pas me "psychiatriser" si jeune. Je souhaitais faire un travail plus en profondeur. Il m'a cependant, constatant que ma tristesse ne cédait pas avec le temps, médiqué quelque peu avec du Stablon et du Lysanxia à petites doses.
Je suis entrée la même année à l'Institut de Formation en Soins Infirmiers où mes troubles sont devenus plus flamboyants et insupportables, modifiant mon comportement et mettant en péril ma vie sociale, familiale, pas encore mes étude et de mon propre chef j'ai consulté une psychiatre psychanalyste, le Dr T.
J'avais la conscience, ou la croyance ancrée que le nomadisme, l'errance médicale, c'était mal, et qu'il fallait rester avec le même thérapeute pour ne pas s'éparpiller et ne pas être soupçonnée de manipuler les professionnels.
Je voulais vraiment être une bonne patiente. J'envisageais le corpsmédical comme d'une essence supérieure qui saurait me soigner, me rééduquer même, là où moi, je ne comprenais rien.
Il s'est joué un truc entre ma conscience précaire d'exister et ma mesestime de moi-même et de mon jugement. Mon désir, mon besoin d'être prise en charge, d'être portée, parce que je constatais que je ne pouvais plus. Un truc flou, le médecin sait moi je ne sais pas, une confiance aveugle, absolue, inconditionnelle, motivée par ce que je viens de citer et par un besoin vital d'être soulagée de mes peines.
Le médecin sait. Je dois écouter le médecin, prendre le traitement qu'il me prescrit, répondre à ses questions.
Le Dr T. ne me convenait pas, elle me demandait énormément de comprendre mes parents si démunis face à "ma maladie", à "l'horreur" que je leur montrais qui expliquait logiquement les horreurs qu'ils pouvaient me dire. Souvent je ne disais rien, elle ne disait rien, je passais des dizaines de minutes dans le silence jusqu'à la délivrance de la fin de la séance. J'étais médiquée, quand j'ai été diplomée elle me demandait quels médicaments se faisaient alors qui soient antipsychotiques et ne fassent pas grossir. Elle ne m'annonçait pas de dagnostc ni ne les expliquait de façon ormelle mais à ma question sur la durée de la thérapie elle me disait qu'elle serait à vie pour trianguler ma relation avec ma mère "à cause de [ma] psychose"
J'allais mal, je me scarifiais durement, je consommais des toxiques, je subissais une lourde charge anxieuse, je subdélirais, et pourtant je m'accorchais à elle.
Parce que j'étais convaincue que sans elle ça irait encore plus mal. Parce que l'errance médicale c'est mal. Parce que je pensais être une mauvaise patiente qui n'arrivait pas à guérir.
J'ai été hospitalisée, à ma demande seule. J'ai été durement maltraitée, "chambre forte" traitement en grammes, légumisée, je me lamais, recousue sans xylocaïne, et autres.
Mais je pensais que c'était pour mon bien, même si je suis sortie plus mal que je suis entrée, plus mal mais tassée par les traitements.
Et quand c'est allé mal à nouveau, j'ai demandé ce même hôpital. Qui m'a refusée. Parce que je pensais, malgré mon travail d'infirmière en psy qui me montrait autre chose en matière de soins, que ce serait partout pareil. Qu'il était capital de ne pas s'éparpiller dans les soins.

Je veux en venir au terme d'errance médicale, en psy (chiatrie chologie, chanalyse)
Il est immensément compliqué de trouver un thérapeute qui convienne. Quand on en sent le besoin, quand on a cette volonté de travailler sur soi, on est lâché dans un magma de noms, de professions, de personnes.
Tous les thérapeutes, toutes les approches ne conviennent pas. Qui va aller vers la parole, qui vers la médication, qui vers les TCC etc. Brisons un tabou et signalons qu'il existe des professionnels violents psychologiquement (telle la psychiatre que je consultais pour mes problemes addictifs et qui ne m'a parlé que de mon poids et de mes méthodes de paiement) Il est reproché aux usager.e.s de changer de thérapeutes, d'user d'errance méedicale, de mésuser des soins, de manipuler, de n'en faire qu'à notre tête.
Quand on nous demande d'être responsable de notre traitement.
Trop souvent on nous demande de prendre cette "responsabilité" d'avoir une parfaite observance sur un traitement sur lequel nous n'avons pas voix au chapitre.
Alors oui dans cette jongle des professionnels de la santé mentale, il nous arrive de changer de thérapeute. J'ai recontré de superbes personnes qui m'ont aidée immensément, et la plupart de mes soignants furent de "bons" soignants, qui m'ont apporté beaucoup, qui m'ont écoutée et prise comme partenaire à part égale des soins. Mais changer trois ou quatre fois de "psy" durant une année n'est pas du nomadisme médicale, n'est pas faire comme bon nous semble en s'en tapant de ce qu'on nous dit, c'est une recherche d'un.E soignant.e qui nous convienne, qui soit neutre et bienveillant.e, avec qui l'on se sente en confiance et à l'aise, parce que frak, on va être amené.e à parle des choses les plus intimes que même nos très proches ne soupçonnent pas.
Ce que je demande à un.e psychologue, un.e psychiatre, c'est l'ouverture du dialogue. Beaucoup fonctionnent ainsi. Pour les autres, que personne ne nous reproche de les laisser.

lundi 9 novembre 2015

L'idée de la mort II - l'apaisement



L'idée de la mort est sans cesse présente à mon esprit et si l'idée de la mort des autres me préoccupe l'idée de la mienne me tempère, me modère, m'apaise.
Le bilan de ma vie est fait, pas parce que je viens d’avoir 40 ans, parce qu’il se fait régulièrement comme des mises à jour automatiques.
Je n'ai qu'une vision floue de ma chronologie, je n'ai que quelques chiffres d'événements passés qui ne sont pas si importants en soi : 5 ou 6 TS, 8 ou 9 hospitalisations, 4 histoires d'amour amochies, 1 arrestation, 4 emplois, quelques expertises, 5 déménagements...
J'ai sur la conscience des actes moches envers mes proches et mes amours, tromperie, mensonge, vols, violence verbale, bris de matériel. C'est lourd à porter. Le plus lourd est la conduite en état d'ivresse, répétée, qui ne s'est jamais soldée par des accidents physiques pour autrui mais qui auraient pu, et de cela je m'en veux amèrement. Qu'importe si depuis des années je tâche de me bien conduire, un bien ne rachète pas un mal, et inversement, je ne crois pas à la roue karmique, il y a des faits, puis d'autres, c'est ainsi, je dois me supporter et vivre vivante.
Il y eu des événements clés pour moi, ceux dont je me souviens. La solitude enfant, la première rupture d'un amoureux qui a marqué rupture avec ma fragile tige mentale et a causé cette fracture psychique qui a influé la nature de l'expression de mes troubles. Puis l'entrée à l'IFSI et le premier job comme infirmière en psy. Bien plus tard la Clinique lyonnaise qui m'a vraiment bien retapée, où j'ai experimenté la sérénité pour la première fois. Le départ à Toulouse et le crash atomique. L'image de toutes mes affaires dans des sacs poubelles sur mon balcon signant le début d'une période de marginalité, avec abri puisque chez mon père. La première cure alcoolique, la résurrection. La thérapie avec J. La rencontre et la joie avec L. La "décompensation de Décembre 2014 et la tombée du déni".
La mort est venue est repartie durant toutes ces années. Mais j'ai vécu l'horreur et j'ai vécu le bonheur, j'ai vécu, je vis l'amour. Je vis la vie de couple dont j'ai toujours cru que j'en serais privée. J'ai vécu tout ce que je voulais (et ne voulais pas) vivre.
J'ai dit aux gens que j'aime que je les aimais, je le leur dis régulièrement. Car la mort a marqué son empreinte sur moi et que je suis en mon dedans un petit samouraï sur un cheval à bascule : la mort est sans cesse présente à mon esprit. La vie est vivace, le corps est bien foutu, mais tout est fragile et impermanent, qui sait si demain ne sera pas "mort, le petit lumignon !"
Après la mort il n'y aura rien, ce sera un non événement pour moi - ce sera sans doute triste pour mes proches s'il me reste des proches. Je pense aussi à la maladie grave, au cancer du fumeur qui m'inquiète. Mourir, mourir, dormir, rêver peut-être. Oui mais si possible, pas quand le soleil est encore haut dans le ciel. Dans le nénuphar du poumon je crains la souffrance et la dégradation. Je sais où me rendre en Suisse, mon autre pays, pour mourir dans la dignité comme nous helvètes en avons le droit.
La mort est mon plan B, à moi qui ai tant dit "on se reposera quand on sera morts". Évidemment ça fait chier de quitter l'aventure mais je ne suis pas si orale et gourmande que cela, j'aime mon existence et les belles personnes qui la peuplent, mais puisque rien ne dure...

Peut-être est-ce universel, la vie à nos côtés tout au long de la vie, dans nos esprit, en bruit de fond ou en tintamarre. Je la garde présente à l'esprit, comme solution et pour me tenir à un bon comportement avec les autres êtres vivants, vivacement vivants tout comme moi.

L'idée de la mort à l'esprit






Je souhaite ici debuner quelques idées reçues concernant le suicide
Suicide : acte de se tuer soi-même
La mort est tabou sans doute car elle nous fait horreur, je n'y échappe pas je n'y ai jamais échappé
Enfant j'imaginais ma mort et mon enterrement et le vide et le froid et l'absence de tout, je pleurais fort et je voulais me suicider pour avoir prise sur ce moment particulier
Je pense je pense fort au dedans de moi c'est une certitude toute simple que la vie n'a pas d'intentionnalité on ne peut pas dire la vie est une chienne la vie est belle
La vie est un laps de temps que nous éprouvons tous entre légalement en france le moment où nous avons passé douze semaine dans le ventre de notre mère et le moment plus ou moins lointain du premier où notre encéphale cesse de fonctionner
La mort me fait plus que flipper elle engendre en moi des réactions ataviques d'horreur et de terreur - les poils de ma nuque se dressent; les autres aussi. Je suis fascinée et sidérée
Au cours de mon existence, 4 ans à ce jour, j'ai vu, touché des corps morts avec respect mais avec cette grande terreur aussi de cette chair morte de ma propre mort.
On naît - moment atroce pour Emil Cioran, et puis on meurt - moment atroce pour beaucoup de personnes
Vivre n'a pas d'autre sens que vivre pour moi le reste les objectifs les buts la beauté ou la laideur reste fioriture conditionnée par lae social, si je suis l'implacable biologie d'Henri Laborit, on vit parce que la vie est vivace, la "vie vivante" tout ce que je peux en dire c'est que j’aime la vie, c'est le syndrome de Stockholm
Une fois embarqué.e.s on vit parce qu'on vit, on vit pour vivre, simplement être en vie me semble être le but du vivant
Parfois - parfois - la machine s'enraye pour une ou autre raison ou de multiples raisons et le devoir-vive (je ne crois pas intensément au "vouloir-vivre" cela est plus fort que la volonté même) se voit menacé par l'idée de la mort
On me dit que je suis malade anormale. Effectivement il est anormal de vouloir mourir si l'on considère que le vivant tend à la vie vivante
Depressive, je pèse mes mots je ne parle pas du coup de blues passager de la petite déprime automnale ou autre connerie des magazines féminins, dépressive je pensais à la mort
Beaucoup
Sans cesse
Les psy disent ou disaient que dans la dépression "l'idée de la mort envahit le champ de l'esprit"
C'est cela, que je compare à l'aile noire de la dépression ou à un ciel violacé et bas
Ca vient, c'est là, au départ pas même pour échapper à la souffrance ressentie
Un grand bug, un défaut de vision qui impose la mort dans la conscience un peu puis beaucoup puis sans cesse
Ainsi à Toulouse quand en état mixte je me pensais, de manière argumentée rationnellement et tout proportion gardée un samouraï (une lame solide dans la tourmente face aux moulins à vent) j'avais lu le Bushido, le code des samouraï j'avais gardé l'injonction qu'il faut "garder sans cesse à l'esprit l'idée de la mort"
Non dans un but sacrificiel de ce que j'en ai compris - plutôt pour toujours se bien conduire car l'on peut mourir du jour au lendemain, comme ça, et alors on ne pourra pas réparer le tort même minime fait. Toujours agir avec droiture, la mort est sans cesse là, en filigrane, en réalité
Je pense donc dans mes phase de profonde déprime à la mort, sans cesse
Premier debunk : "les personne qui veulent vraiment se suicider n'en parlent pas"
Premièrement j'aimerais connaitre des personnes voulant faussement se suicider, j'aimerais éclaircir le terme "chantage au suicide" j'aimerais qu'on reconsidère le terme "appel au secours" j'aimerais qu'on écoute les usagers les aspiants au suicide un peu. Il s'agit de leur vie et de leurs projets de mort
Les personnes dont le champ de la pensée est envahie par la mort en parlent parce que ces personnes parce que moi je ne voulais pas mourir. C'est la mort qui m'envahissait quand la mort vous envahit vous demandez de l'aide pour que parte cette idée constante
Et quand il s'agit d'un manque de choix que l'on ressent, on en parle pour entendre d'autres choix que nous ne voyons pas
On pense ne pas avoir le choix quand on souffre trop et que la mort est atroce mais la torture pire encore
On pense ne pas avoir le choix car on est un fardeau pour ses proches ou que l'on le pense ou qu'on est une tache en ce monde un être infect qui mérite la peine de mort pour débarrasser la planète de la souillure qu'elle est.
Parfois souvent on demande aux proches si on est si atroce que ça ou si ça vaut le coup de lutter encore
On en parle pour ne pas mourir parce que notre vie est vivace malgré la lèpre de la dépression qui ronge les forces la volonté la raison parfois on a envie de bouffer la vie de mordre encore mais on pense ne plus avoir le choix, ou on choisit le moins atroce pour soi et les autres
Deuxième debunk "se suicider est lâche" se suicider n'est donc ni lâche ni courageux quoi qu'il faille avoir les dents bien serrées pour se foutre en l'air.
Troisième debunk "les gens qui veulent vraiment mourir y arrivent" cela est faux cela est admis dans le domaine médicale que la gravité du suicide est à évaluer selon l'intention de mourir et non la méthode mise en oeuvre ni la gravité physique. Entre nous entre nous seulement soit dit est-ce envisageable que quelqu'un ai juste un peu envie de mourir est-ce humain de déclarer à quelqu'un.e sur un lit d'hôpital dans le confort clos d'une chambre dans une conversation qu'iel a simplement voulu lancer un petit appel au secours ? Est-ce humain de minimiser ainsi ses souffrances et ses actes et de déculpabiliser les proches - ce qui semble toujours d'une extrême importance pour nomnbre de soignants en parlant de simples appel au secours- même proches qui visiblement ont été si sourds et aveugles aux autres appels au secours qu'il faille un attentat à sa propre vie pour qu'ils remarquent quelque chose ?
Et puis je l'ai vécu je l'ai vécu à 18 ans j'étais à l'hôpital j'avais pris des cachets la veille et "on" a parlé de "simple" appel au secours et je crois que personne ne m'a demandé quel était cet appel, de quel secours j'avais besoin - on m'a dit grosso modo ouf mademoiselle, c'est un simple appel au secours, rentrez chez vous et reprenez vos activités.
Il s'agissait de ma deuxieme tentative de suicide qui n'avait pas de raison précise autre que la dépression depuis l'enfance que la perte de l'amour l'année précédente (motivation de ma première tentative de suicide) que je croyais perte de tout amour à tout jamais
Pourquoi avez vous fait ça m'a demandé mon psychiatre j'ai répondu je ne sais pas.
Je ne savais pas
La mort était là perchée sur mon épaule et un jour il y a eu la bascule
Et je suis rentrée chez moi ma mère a été gentille mais au final nous n'avons jamais parlé
de l'appel
au secours
de qui j'avais appelé et pour quoi
de quels secours j'avais besoin
et là s'est foondé mon premier état confortable de desespérance - dans l'espace, personne ne vous entendra crier

samedi 7 novembre 2015

Oralité






Il y a un truc que je fais tout le temps
Ca agace tout le monde
Ca dégoute même, ça agace et ça révulse sur les bords
C'est porter des choses à ma bouche
Des cigarettes, des e cigarettes, mes doigts mes ongles, des aliments, de l'eau et d'autres boissons, de l'alcool en seille, des trucs, tout le temps, que je mets dans ma bouche

"On" qui, s'il n'est pas un con, est indéfini, m'a parlé d'avidité orale
Ca parle de cela et ça parle de mes besoins affectifs immenses aussi
Encore faut-il adhérer à la doctrine psychanalytique et je dois dire qu'elle et moi on est un peu en froid parce que ouate de phoque tout de même, sur les bords
On m'a parlé de fantasme de dévoration, de fantasme de nourrisson au sein qui ne fait que se remplir, on a parlé de ce vide en moi à remplir absolument, de vide psychotique, en moi
Vide ?
moi ?
J'ai plutôt le sentiment d'être trop pleine, de tout
Il est vrai que je suis difficilement rassurable affectivement et que je demande beaucoup
Actuellement, j'ai beaucoup, j'ai tout, je suis comblée
Pourtant je fume, je bois, je bouffe
Et mon passé mon passé mon passé, frak à la fin mon passé, je n'ai pas non plus grandi dans un orphelinat sibérien
Qui peut se dire rassuré en amour ? Qui peut se dire sûr en amour, tranquille en amour ? Dès qu'on aime on est insécure, sans amour on n'est qu'airain qui résonne
Alors non, ma théorie, la théorie que je vis qui est donc en quelque sorte une pratique, ma réflexion empirique disons
C'est que la bouche reçoit, la bouche prend, mais la bouche donne aussi.
La bouche est un endroit merveilleux, les dents sont merveilleuses, agressivité (saine ou pas), santé surtout, la langue est un muscle génial qui sent les goûts et les odeurs, les textures, les lèvres identifient avec précision la texture externe, la douceur, l’âpreté, c'est un sphincter la bouche, un merveilleux muscle et une splendide cavité et avec on reçoit
Certes des cigarettes, de la nourriture, des boissons
Mais aussi des baisers, des caresses, et des souvenirs en madeleines
La bouche donne aussi, elle donne des baisers, des coups de langues, des morsures, des mordillements, surtout elle donne des mots, des rubans de mots, des tissus de mots, et des chants, es vrombissements des sifflements, des murmures et des cris.
Alors avec ma bouche, je n’aspire pas comme une outre sans fond, comme un vampire, de basses nourritures terrestres en me disant oh bon, très bien, je me sens en manque de love je vais bouffer tout un saladier de riz et fumer quatre clopes et ça platrera. Je ne suis pas une poche vide nom de dieu, je ne me remplis pas, je ne suis pas vide.
Stieg Dagerman a écrit Notre besoin de consolation est impossible à rassasier et c'est un écrit assez universel. Va-t-on dire de ce pauvre Dagerman qu'il ressent une pulsion orale toute psychotique et régressive ?

Ce que je cherche à faire avec ma bouche, c'est échanger. J'ai soif de mes contemporain.e.s, du monde, je ne suis pas différente d'un.e autre. J'aime parler, j'aime mal chanter, parce que j'ai une sensibilité acoustique particulière, j'aime embrasser, j'aime les caresses buccales à donner et recevoir, j'aime les mots, à lire, entendre, donner, j'aime écouter, j'aime entendre, j'aime recevoir par les oreilles et la bouche, j'aime prendre du plaisir et en donner, avec ma bouche et tout le reste, j'aime ressentir par la bouche, sécher d'angoisse, saliver de désir comme une chienne de Pavlov, j'aime mordre et croquer.

Je suis une personne sensée, je devrais, je pourrais me raisonner. Je le ferai, car mon corps est un genre de temple de chair dédié non à dieu mais à ma vie vivante, mais comme C.B. me le disait dans une autre vie "Complexifie le problème, alors tu le comprendras"

Je suis autosuffisante en sein, j'en ai deux.

mercredi 28 octobre 2015

Force

Je suis sans cesse préoccupée et parmi mes autres failles se trouvent la tristesse les 50 nuances d'angoisse les surinterprétations.. les idées curieuses.
Par dessus tout cela, qui travaille aussi en tâche de fond sans cesse il y a ma force, l'amour que je me porte l'amour que certaines personnes me portent.
Je suis bizarre oui mon contact est semble-t-il un peu étrange. Je pense que je flotte un peu assez souvent mon esprit bat la campagne, j'ai de la fuite dans les idées. J'ai une sensibilité acoustique particulière également ou plutôt un traitement des données bancal du coté cérébral : j'entends bien les sons et les syllabes mais je n'arrive pas toujours à les assembler de façon adéquate ce qui donne à mes conversation un petit cachet Professeur Tournesol. Pourtant la perfection de mes audiogrammes, je ne vous dis que ça. En public souvent je louvoie je dis "mm" ou je dis "ah oui" ou je dis "je ne sais pas, je ne suis pas sure" avec un sourire que je souhaite décontracté mais qui parait plutôt lunaire je crois bien.
Ma "candeur" ou ma "naïveté" ou ma "fraicheur" surprennent aussi. Je sais évidemment user de tact d'empathie de délicatesse mais je suis éternellement emerveillable et tout m'intéresse fortement.
Donc je me présente bizarrement un ensemble un peu diffus, un peu subtil.
Longtemps je me suis haïe pour cela, méprisée, je ressentais tant de honte, ju, tu e peux pas te comporter un peu correctement ? Les auto insultes pleuvaient : idiote, salope, maladroite à deux mains gauches, brutasse, bourrine, sourde comme un pot avec une capacité d'attention de poisson rouge.
Puis je suis tombée du déni et j'ai constaté, d'abord en un flash violent puis sur une année en continu que je vis avec une schizophrénie et que ce n'est pas si grave, ce n'est pas moche, ça ne fait pas de moi une personne moche. Ce grand secret que je portais, cette "tache", cette malédiction se résume en quelques carcactères: f25.1, troubles schizo affectifs tendance dépressive.
Plein de gens m'apprécient et être bizarre n'est pas repoussant, pas forcement. Il s’agit d’une particularité. Je pense être devenue une plutôt bonne personne, c'est qui je suis, ce que je suis, qui fait que cette particularité, la bizzarerie, sera "inquiétante" ou plutôt rigolote-intéressante-touchante.
Probablement que si j'investiguais mon cerveau organe on y trouverait vdes tas de trucs qui winwallent, comme on dit en Haute Savoie. Il gère mal la sérotonine, la noradrénaline, d'autres trucs en -ine, une foule de neurorecepteur mediateurs et tutti frutti. Mais mon très bel encéphale (mon cerveau je t'aime) parvient à être efficient suffisamment pour toute la vie quotidienne, hormis le travail à l’extérieur, plus les mmorpg plus les étues à domicile, plus les lectures et autres formes de culture, plus pour emmagasiner et restituer un tas de souvenirs, plus pour de beaux sentiments, plus pour savoir maintenant les gérer vraiment pas mal.
Je sens mon cerveau travailler, je sens quand il chauffe et fait clong clong comme les moteurs qui refroidissent et quand il vibre c'est u'une émotion sous jacente est trop forte.
Destas de gens m'aiment et m'apprécient je les aime aussi. Des tas de gens s'en carrent de moi, d'autres ne m'aiment pas trop, je ne prends pas cela par dessus la jambe, ça me fait toujours du chagrin. Mais suffisamment de gens m'aiment pour ue je ne me sente pas détruite.
Tombée du déni je me suis aperçue que certains mots n'étaient pas des jugements négatifs "je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi" est certes ambigus mais pas forcément négatif.
Parfois je me sens la plus forte la plus cool la plus futée, je sais en parallèle que j'exagère je ris de moi gentiment interieurement mais je m'autorise à le vivre joliment durant une heure c'est le coup de boost.
Quand je me sens monstrueuse comme quand je me sens géniale, je me répète pour me tempérer une de mes phrases favorites :
Je suis unique comme tout le monde.

lundi 26 octobre 2015

Préoccupée

Je suis préoccupée sans cesse, je suis inquiète. Ce n'est pas vraiment une angoisse flottante, plutôt un bruit
Un bruit de fond sans cesse
Une morbide tâche de fond qui tourne
L'actualité m'inquiète, celle de la France et celle du monde. Mais elle est préoccupante n'est ce pas ?
Je me dis oh nom de dieu c'est la merde mais qu'est ce qu'on va devenir, tous ? J'entends le bruit des bottes j'entends la mitraille la pluie de sang et les nuages de sauterelles vrombissant, j'entends le sang battre à mes temps, mon cerveau vibre et le creux se forme entre mes côtes, mais que vais-je devenir
Une cacophonie ténue mais persistante un nuage au dessus de mon ciel, qui le plombe, que j'appelle pompeusement la grande aile noire
Elle n'est pas noire de fait mais violette ciel d'orage, violette ecchymose comme les ailes des petits chagrins qui descendaient autrefois se coller à mon sternum et pomper la douleur de leur rostre
Je suis préoccupée, je m'inquiète pour L. Pour sa santé bien sur pour son bien être surtout pour son bonheur. Je voudrais tant le rendre parfaitement heureuse mais je ne suis pas parfaite, je m'inquiète pour son vieillissement moi qui lui rends quelques années, lui dit qu'il me virera quand il perdra son autonomie et je me demande
C'est un dilemme
Je me demande ce qui serait pire pour lui, vieillir et mourir seul ou vieillir et mourir sous mon regard ? Devrai-je ne pas l'écouter et rester à ses cotés ? Sera-ce l'humilier inutilement ? Et moi à qui on a donné la vie et le reste, ne pourrai-je rien rendre de ce soin aux autres, à mon autre si tendrement chéri ? Je réfléchis beaucoup à cette question, je fais de terribles, voraces réserves de bonheur et de bien-portance parce que si, ça aide à moins s'écrouler quand advient le pire qui advient toujours, toujours
Je me demande, s'il en vient à ne plus m'aimer, me désirer ? Ces choses là arrivent. Outre moi, j'ose espérer qu'il ne restera pas avec moi par devoir, car cela le rendrait malheureux, quelle punition alors pour nous deux
Je m'inquiète pour ma santé. Mes poumons se fanent peut être qu'un nénuphar y pousse, la blonde camelle commence à avoir raison de leur belle amplitude. Respiro. Quand respirer devient difficile, la peur encore serre le thorax, la grande vis et l'écrou qui serre le dos. Et si c'est moi qui deviens dépendante la première, que ferais je, que ferons nous ? Et ça me paralyse et au lieu d'être pertinente et de jeter les clopes au feu je les cherche encore plus fébrilement du bout de les ongles peints en noir et en rouge, je tête la clope avec l'envie de pleurer et des visions de sanatorium, en priant mes démons pour que celle là encore m'apaise. Juste encore une fois S'il-vous-plait.
Mon genou, celui plein d’arthrose, tiendra-t-il encore longtemps ? Ma belle enveloppe corporelle fragile et solide, si bien foutue mais si vulnérable, mon coffre mon armure de chair, qui a toujours été loyale et que j'ai si peu respecté
Je m'inquiète pour mon père, comment vieillira-t-il lui qui est déjà vieux et diminué ? Et ses capacités cognitives qui se rétractent comme un escargot dont on touche les yeux du bout du coussinet ? Comment l'aiderai-je ? Pourrai je le sortir de l'hiver ?
Et ma maman, quand elle mourra ? Cela ne me semble pas possible elle est presque mon univers, ma part solide, durant si longtemps j'ai été son prolongement. Comment lui survivre ? Pour quoi lui survivre ?
Et je m'inquiète surtout sur la fin de mon temps, quand sans enfants, la plus jeune de la famille, plus jeune que mon très bel amour, je serai seule et encore plus incapable de m'occuper de moi même. Mais pour ce cas une pensée me rassure et me console profondément, car un grand courage que j'ai toujours eu est d'être capable de mettre fin à mes jours dignement et sans embêter personne
Dans ce capharnaüm qu'est la vie, dans cette impermanence, ces sables mouvants, les projets de mort m'aident à survivre à ma folie.

dimanche 25 octobre 2015

La gestion de l'énergie






Ma mère me dit souvent "fatiguée de naissance", ce qui est, on en conviendra, un mot dur. Je suis dépressive depuis l'enfance. Mes troubles schizophréniques sont "à tendance depressive" ce qui est une jolie litote pour signifier des états vécus de mélancolie (ici terme clinique de forme grave de dépression, non de spleen poétique.
Je suis donc volontiers aboulique, sans motivation, sans trop de désir ni de patate pour faire des choses.
Enfin, je prends un traitement combinant neuroleptiques, Baclofène et benzodiazépines qui n'a pas pour conséquence évidente un dynamisme exacerbé.
Oui je suis fatiguée. Sans cesse. Certains jours plus que d'autres.

Cependant je préfère me dire que je gère mon énergie plus que ma fatigue.

La nuit il m'arrive souvent de dormir plus de 9h d'affilée, et de faire le matin une sieste de 2h de durée ainsi qu'une autre autant consequente l'après-midi. En sommeillant 13h par jour, il m'en reste 11 pour faire toutes les activités de la journée, 11 heures durant lesquelles je ne déborde pas forcément de pêche.
Pour redémarrer un minimum d'activité j'ai élaboré un planning. Deux, plutôt  un pour les jours "avec" et un pour les jours "sans"
Lajournée est surtout marqué par cinq prises de traitement (matin midi 17h soir nuit) qui chacune me blaste.
Et mes plannings doivnt varier le moins possible en intnsié, nombre de tâches, de loisirs.
Donc je calcule. Le week end mon compagnon est en congé, je prends mon traitement du soir plus tard, me couche plus tard, si on sort c'st encore toute une chimie à adopter.
Si j dois fournir un effort de concentration (aller à un entretien au CMP par exemple) je ne travaille pas mes cours car mon cerveau surchauffe très vite (traitements là encore) Je n'éprouve pas cette fatigue du cerveau en lisant romans et essais par contre.
Enfin, le pas de bol, c'est me réveiller trop tard. Car alors j'ai un mal terrible à "démarrer"
J'ai remarqué aussi que mon dynamisme suit un cycle assez rapide de plus et de moins, à 40 (+)/60 (-)

L. me stimule pas mal pour que je maintienne mon rythme et je l'en remercie, il se montre très bienveillant me disant cela et j'ai du mal à veiller moi-même constamment à garder toutes mes acivités. J'ai traversé de longues périodes d'apathie et incurie totales (j'y reviendrai dans un autre billet) et je sais que le glissement peu s'opérer, sur et lent, insidieux et que j'ai à lutter contre en gardant let entretenant l'énergie et le goût ou les automatismes de faire les choses.

Oui, je peux etre assez "flemmarde" pour que l'effort de prendre une douche du matin soit trop insurmontable. Mais j'me soigne, comme ont dit

jeudi 22 octobre 2015

Le travail rémunéré






J'ai jusqu'aujourd'hui toujours travaillé. Je signifie par là, travaillé à l'extérieur contre rémunération. J'ai été infirmière à tout juste vingt ans, métier qui n'est pas de tout repos, et je me montrais surinvestie dans ce poste, qui était, je peux le dire, toute ma vie. Il y eu des moments de maladie au travail, douloureux et honteux à ma remémorer, des arrêts de travail, souvent long
s. Je tenais à mon poste, j'adorais mon taff, je faisais mes trente-neuf puis trente-cinq heures hebdomadaires sans trop rechigner (malgré des réveils parfois compliqués), les week-end, les nuits parfois, les vacances en décalé - tout cela ne me dérangeait pas. Les usagers que j'avais partiellement en charge m'étaient très important, bref, je faisais un taff d'infirmière, avec une tendance workaholic : je m'ennuyais et me sentais vide quand j'étais absente trop longtemps. J'ai été placée ensuite à un poste adapté : on ne voulait plus de moi en service de soins, je le comprends. J'ai effectué un taff de secrétaire, auquel j'ai pris intérêt et plaisir, que j'ai tenu deux ans. J'étais stable, mais ça commençait à craqueler, mon travail s'en ressentait, mon poids aussi, ma domesticité n'en parlons pas.
Je suis partie comme un jeune chien fou dans le soin en libéral, ce fut la cata, à peine arrivée à T. j'allais très mal, sans en avoir conscience. Je pensais suivre un homme que j'aimais, avec qui je n'ai pas vécu, je crois que je fuyais mes limites. Mon médecin psychiatre m'avait déjà proposé de cesser le travail et de demander l'AAH, mais je le refusais. Je me trouvais jeune (30 ans), pleine de capacités, de projets (lesquels ? je n'aurais pu en préciser aucun), ne plus travailler aurait été pour moi synonyme, comme pour beaucoup de personnes, aller à la casse, devenir inutile, être "en marge", ma grande frayeur. J'ignorais que j'étais déjà en marge. Persuadée d'être sous le coup de troubles purement bipolaires avec des problèmes d'addiction, je pensais, comme je l'ai décrit dans mon bill'et sur le déni, que ma pathologie me venait directement de la néfaste influence de mes proches, donc que couper les ponts allait magiquement me guérir et que je vivrai heureuse et "parfaitement normale" jusqu'à la fin de mes jours et même après.
Je nourrissais des rêves parfaitement normatifs : un mari, une maison ou un appartement (la possession immobilière était mon Graal), quelques chats, les enfants je n'étais pas sûre, mais probablement que si je guérissais comme prévu je serais capable et j'en aurais envie comme toutes les femmes normales (sic. On m'aurait demandé je me serai posée comme childfree, mais dans le fond du fond de mon coeur je crevais d'une vie si bien rangée et semblable à ce que je croyais être la multitude confortable,) j'aurais un emploi passionant (et le mien l'était) enrichissant et bien payé, bref, ce serait la fête à la maison pour les siècles des siècles.
Et puis je disposais, pensais-je, d'une vraie force de travail et d'un cerveau capable.
L'experience à T. a échoué, je me suis crashée sur mes limites, je suis rentrée la queue basse.
J'ai fini par demander ma réintégration, puis j'ai retaffé, après 2 ans de congés longue durée. Je voulais à toute force bosser. Je voulais à toute force faire partie du système, être une parmi les autres, ne pas être laissée sur le bord du trottoir.
Mais voilà. Mon père a beau dire que j'ai "deux bras deux jambes" et que je peux bosser" (mention speciale validisme d'ailleurs), mon beau-père a eu beau me dire quand j'appelais sur une crise d'angoisse majeure "tu ne travailles que depuis quatre jours alors tu te secoues et tu y retournes", j'ai eu beau me dire que j'avais le droit et le besoin de vivre "comme tout le monde", travailler à l'exterieur me semble néfaste.
Au bout d'un an, je cède sur l'alcool, et rapidement je décompense ma schizophrénie. Et je dois être hospitalisée. Et je mets un à trois ans à m'en remettre. Parce que je ne suis pas "faite" pour supporter le stress même dit "normal" d'un travail classique. Mon psychiatre m'a expliqué grossièrement le (dys)fonctionnement neurologique qui me met à mal : mon cerveau "reptilien" et mon cerveau "rationnel" sont mal équilibrés. A comprendre que l'un n'est pas plus "fort" que l'autre, mais qu'ils s'accordent mal. Si le cerveau reptilien s'occupe des émotions, la zone frontale s'occupe de les contenir et de rationaliser les infos. Par moments, ils sont sur ou sous stimulés et ça va moins bien.
C'est-à-dire que ce que personne NT fera sans y penser (reguler les émotions, délimiter l'impact d'une info) me demande un effort conscient. Je me contrôle (ce qui m'est plus difficile sous l'empire de l'alcool ou de stupéfiants, évidemment) mai cela occasionne ce que mon psychiatre appelle "une fatigue physique du cerveau". Je suis vite en burn out. Quand je dois gérer une tâche, même simple, plus l'environnement, plus le public et les collègues, plus moi-même, 35h par semaine, ça finit par craquer. Cela explique que je ne puisse plus me charger de ma vie privée : ni faire mon ménage, ni manger "raisonnablement" (si cela a un sens) (ça se traduit par des écarts de poids de 10 ou 20 g en +), je resens le besoin d'appeler et voir sans cesse mes parents pour me rassurer et me faire consoler (et allez faire comprendre combien c'est un exploit de tenir un travail de bureau...), je contrôle beaucoup moins bien mes troubles addictifs, ça se traduits par des achats compulsifs, la rechute alcoolique et crac.
Cela va faire un an que j'ai décompensé pour la dernière fois. Je suis depuis en congé longue durée. J'ai soupiré à mon psychiatre en le revoyant "je crois que je ne peux plus travailler". Il a abondé en mon sens. Je serai en février en retraite anticipée pour invalidité, je toucherai des clopinettes, normal j'ai peu cotisé (une vingtaine d'années), je ne pourrai accéder à l'AAH ni à la pension d'invalidité car je vis en couple.
J'ai mis longtemps à accepter cela vraiment, passant par les phases du deuil, choc, dépression, colère, chantage, tout comme dans les manuels.
Puis je me suis dit "Frak" Je peux vivre cette vie alternative. Ma précarité sociale et financière me fait flipper, je peux le dire - pour le moment je ne galère pas car mon compagnon subvient à nos besoins, j'obtiens encore une partie de mon salaire mai ensuite ? Et s'il lui arrive quoi que ce soit ?
Mai au final nous sommes tous à la merci d'un revers du sort. En 2015 on peut tous être pris dans le fauchage d'un licenciement économique. On peut être victime d'un accident de la vie, devenir précaire socialement.
Je travaille à la maison : je m'occupe du ménage. Ca me prend quelque heure, mais je peux, certains jours, ne rien en faire, je peux certains jours travailler beaucoup, je peux m'octroyer quarante pauses, parce que j'ai besoin de marquer un arret entre chaque tâche et ce n'est pas de la fainéantise.
Je pensais rendre à la société ce que je perçois en travaillant comme bénévole dans une association - mais j'ai repris quelques études par correspondance et je vois que j'ai déjà beaucoup de mal à tenir cela. Je me cultive, je lis beaucoup, je joue à des mmorpg, je partage tous les moments d'amour avec mon compagnon, je m'occupe des trois chats, je m'occupe du jardin quand le temps s'y prête.
Tout ce que les "gens normaux" font en plus de leur job.
Mais je ne peux pas faire "plus". C'est ainsi, et la stigmatisation n'aide pas à l'accepter pleinement. Mon handicap est invisible, mais il est présent.